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Nourrir tout le monde sans affamer la terre, le défi du secteur engrais

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((/public/jancovici-_web.JPG|jancovici-_web.JPG|L))__« Le GIEC a reçu le prix Nobel de la Paix en 2007… Ce n’est pas une erreur de casting. » Le propos, de Jean-Marc Jancovici, polytechnicien, directeur de Carbone 4, tenu lors du colloque de l’Union des industries de la fertilisation (Unifa), les 5 et 6 février à Reims, introduisait une présentation plutôt sévère sur les impacts des gaz à effet de serre (GES).__ « Le réchauffement climatique est une menace pour la paix et la démocratie. Elle ne concerne pas les générations futures, mais bien celle de nos enfants », estime-t-il. % %% La crise financière et économique actuelle, directement corrélée selon son analyse à la poussée des prix de l’énergie et à des flux qui vont aller très vite en se réduisant, suppose une mobilisation immédiate. Avec une contrainte majeure : « les problèmes vont aller croissants, avec des moyens qui vont décroissants ». Le thème retenu par l’Unifa, « Nourrir tout le monde sans affamer la terre », est significatif d’une prise de conscience des milieux industriels. Il ne s’agit pas seulement de promouvoir une fertilisation raisonnée, utilisant les bonnes doses d’engrais au bon moment, mais bien de situer l’enjeu de l’agriculture sur un plan mondial. Et le défi est loin d’être simple. C.D. “'Photo : Jean-Marc Jancovici, lors du colloque de l’Unifa, à Reims, le 6 février.'” Les enjeux se situent sur plusieurs plans : celui de l’émission des GES en est un, avec la nécessité de limiter l’impact de l’agriculture et plus particulièrement celui des engrais azotés. L’innovation peut apporter des réponses, sous réserve de simplifier les procédures d’homologation, souligne l’Unifa. La recherche sur les formes d’engrais les moins contributrices et leur promotion constitue une autre voie, qui n’est pas totalement nouvelle. < Réinvestir autrement dans l’agriculture %% % L’autre défi est de répondre à un besoin croissant de nourriture sur la planète : doubler la production agricole d’ici à 2050, soit plus 2 % par an. Or, a souligné Bruno Parmentier, directeur de l’Ecole supérieure d’agriculture d’Angers, « le pari est loin d’être gagné. Nous touchons aux limites de notre planète et des effets de la révolution verte ». La multiplication par quatre de la production sur les dernières décennies a mobilisé quatre fois plus d’eau, de terre, de chimie et d’énergie. « Nous allons devoir produit plus, mais avec quatre fois moins ! ». Pour Bruno Parmentier, « il faut en urgence réinvestir massivement dans l’agriculture mondiale, une agriculture à haute intensité environnementale qui utilise mieux les différentes combinaisons d’animaux et de végétaux pour remplacer les apports externes d’énergie et de chimie, pour maîtriser les nouvelles combinaisons de gènes à venir. » Une agriculture, enfin, régie par des règles du commerce international protégeant les cultures vivrières. %% % L’agronomie est plus que jamais à l’ordre du jour, comme moyen d’acquérir encore plus de connaissances, sous réserve de veiller en même temps à les diffuser. Il faut continuer à former, promouvoir les outils d’aide à la décision pour optimiser leur efficacité en tenant compte du niveau de connaissance des agriculteurs, dont les besoins sont différents selon les régions. L’ampleur des enjeux, avec des ressources en éléments fertilisants limitées dans les décennies à venir (ressources minières en potasse et phosphates, accès à l’énergie pour les azotés), trouvera en partie sa réponse dans l’innovation. L’autre ressource, est l’intelligence que sauront mobiliser les hommes. __L’Unifa remet un chèque de 13 000 euros pour la formation des paysans dans les PVD__ En phase avec son discours sur la nécessité de promouvoir une meilleure utilisation des ressources naturelles, l’Unifa (Union des industries de la fertilisation) a remis lors de son colloque à Reims, les 5 et 6 février, un chèque de 13 000 euros à Henri de Benoist, président de Fert. Cette association créée en 1981 par les céréaliers français, mène actuellement une vingtaine d’actions dans dix pays (Albanie, Brésil, Maroc, Liban, Congo, Tanzanie…). Ses interventions sont fondées sur le transfert des compétences acquises en matière d’outils de financement (micro-crédits), d’approvisionnement (constitution de coopératives), de représentation des intérêts des agriculteurs…