Référence agro

« Pas d’agronomie sans un minimum d’accès à l’eau »

Le | Projets-territoriaux

Alors que la loi sur l’eau de 2006 établit pour 2012 la possibilité de mettre en place une gestion collective de l’eau via un organisme unique, Jean-Philippe Bernard, chef du département environnement de la Chambre d’agriculture de la Charente-Maritime milite pour une gestion maîtrisée de l’accès à l’eau pour les irrigants. Il se prononce alors en faveur de la mise en place d’un seuil minimal de prélèvement autorisé, ce que ne prévoient pas les textes en réponse aux arrêtés d’interdiction. « Dans mon département, que je peux revendiquer dans le peloton de tête des territoires à problèmes, la gestion administrative ne permet pas un pilotage technique pointu et, depuis 2006, a réduit à néant tous les efforts d’optimisation de l’irrigation que nous avons initié en 1997. Le système de gestion dit « de crise » mis en place par l’administration a exclu la possibilité d’un volume minimal garanti à l’irrigant, et déclenche des restrictions d’irrigation fortes, voire totales, en fonction de l’atteinte de seuils d’alerte. » Pour l’expert, l’application de solutions agronomiques et techniques ne peut être envisagée que dans la mesure où les utilisateurs ont la marge d’autonomie suffisante pour les employer : « Pourquoi ne pas proposer par exemple une dose minimum de 800 m3/ha ?  » Il pointe aussi la contradiction d’un tel système : «  Les irrigants qui sont engagés dans une gestion raisonnée des apports en eau se trouvent paradoxalement les plus pénalisés. Ces agriculteurs rationnent leur culture pour réserver l’eau au moment le plus important, à la floraison. Mais bien souvent, les arrêtés préfectoraux d’interdiction de prélèvements de l’eau tombent à ce moment crucial. Ceux qui ont arrosé en amont de cette date sans une gestion responsable sont finalement favorisés. » « Les arrêtés bloqueront de toute façon les prélèvements » Néanmoins, dès 2012, la loi sur l’eau de 2006 instaure la possibilité de mettre en place une gestion collective de l’eau via un organisme unique. Un mécanisme qui pourrait favoriser une gestion préventive et concertée de l’eau plutôt que de crise. Par contre, l’État garderait tout de même la main en délivrant un volume prélevable. « Ce volume sera le maximum que l’on pourra utiliser, mais ce n’est pas une garantie pour une réserve minimum utilisable, souligne Jean-Philippe Bernard. Dans un département comme le notre où la gestion de l’eau est fondamentale, cela ne changera rien dans les situations de sécheresse. Les arrêtés bloqueront de toute façon les prélèvements. » Quant à la construction de retenues d’eau ? Il estime que c’est une solution mais aujourd’hui confrontée à de trop nombreux blocages, administratifs comme juridiques !