Peste porcine africaine : « prendre les devants plutôt que subir »
Le | Projets-territoriaux
Suite à la découverte, le 9 janvier, de deux sangliers contrôlés positifs à la Peste porcine africaine (PPA), hors de la zone tampon en Belgique, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a annoncé, le 14 janvier, la création d’une « zone blanche ». Installée à six kilomètres de la frontière belge, la clôture définissant cet espace, où tous les sangliers seront abattus, est mise en place depuis le lundi 21 janvier. Elle devrait être opérationnelle d’ici « huit à dix jours », selon Loïc Gouello, directeur de crise de la PPA, lors d’une conférence de presse le 18 janvier à Paris.
Les conditions de mise en place de cette zone sont précisées dans un arrêté publié le 19 janvier au Journal officiel. « Cette zone blanche et l’élimination des sangliers en son sein vont permettre d’instaurer une barrière sanitaire. Nous réclamions ces mesures de bon sens depuis longtemps. Désormais, nous allons travailler à leur bonne mise en place », réagit Cécile Malvaux, présidente du groupement de défense sanitaire (GDS) des Ardennes, contactée par Référence environnement.
Des mesures qui rassurent mais l’inquiétude demeure
Si la rencontre avec les ministres de l’Agriculture français et belge, le 14 janvier, et les annonces qui ont suivi, ont rassuré, l’inquiétude demeure. Sur le terrain, tout le monde est conscient des conséquences économiques qu’une contamination de porcs français par la PPA pourrait avoir. « Le grand risque, c’est que le Grand Est soit mis sous cloche. Cela représenterait une véritable catastrophe économique pour la filière viande mais aussi celle de la reproduction, dans laquelle les éleveurs de la région sont plutôt spécialisés », explique Bruno Faucheron, vice-président de la Chambre d’agriculture des Ardennes.
Au-delà de l’impact économique d’une entrée de la maladie sur le territoire français, la crainte est celle de l’installation d’une méfiance, sur le long-terme. « La découverte d’un cas de PPA en France susciterait la suspicion sur l’élevage concerné, alors que les normes de biosécurité permettent d’enrayer les risques. Mais l’impact psychologique sur l’état de la filière se ferait ressentir immédiatement », prévient Cécile Malvaux.
« Nous permettre de rester indemne »
Pour limiter au maximum les risques, des actions de chasse supplémentaires ont été organisées en amont de l’installation de la clôture. Chaque sanglier chassé et ramassé dans le respect des règles de biosécurité donnera lieu à une aide de 100 euros, a indiqué Loïc Gouello. « Si toutes les mesures annoncées sont bien mises en place, cela devrait être suffisant. Les autorités ont un devoir de réussite envers la filière », estime Bruno Faucheron. « Le ministre a bien pris la mesure de la gravité de la situation. Les actions doivent nous permettre de rester indemne », assure quant à elle Cécile Malvaux.
Le vice-président de la Chambre d’agriculture des Ardennes rappelle enfin avoir fait plusieurs propositions à Didier Guillaume, notamment pour mieux accompagner les éleveurs de porcs, techniquement et financièrement, dans la mise en place de mesures de biosécurité. L’occasion pour lui d’indiquer au ministre le faible nombre d’outils d’abattage dans la région. Ce qui compliquerait la situation en cas de contamination. « La situation actuelle pourrait être l’opportunité de développer un vrai plan de filière pour mieux équiper la filière. Nous devons prendre les devants plutôt que subir. »