Pesticides dans l'air, un enjeu majeur en Poitou-Charentes
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Référence environnement : Pourquoi avez-vous choisi ce thème des pesticides dans l’air ?
Alain Gazeau : Nous surveillons les pesticides depuis 15 ans. La surveillance n’est pas obligatoire, elle est liée à la volonté politique des régions. Les ministères de la Santé et de l’Environnement ont commandé une mission à l’Agence nationale de santé et de sécurité, Anses, afin qu’elle propose une surveillance nationale.
En Poitou-Charentes, la décision a été prise de suivre ces polluants notamment avec le Conseil régional, qui souhaite réduire l’utilisation des produits phytosanitaires. Nous dépensons 15 à 20 000 euros par an sur ce thème.
Nous avons positionné deux points de mesures permanents, à Angoulême et Poitiers. Un troisième spot est déplacé selon nos axes de recherche. Notre base contient aujourd’hui plus de 36 000 données d’analyses de pesticides réparties selon 125 molécules différentes.
R.E. : Quels sont les résultats de vos mesures ?
A.G. : Nous avons une problématique viticulture, grandes cultures et vergers de pommes. Tous les ans, nous retrouvons des molécules phytosanitaires dans l’air. Les herbicides sont plutôt présents dans les zones de grandes cultures, alors que les fongicides sont davantage mesurés dans les zones viticoles. Les concentrations d’herbicides, qui suivaient une tendance régulière à la baisse dans l’air de Poitiers entre 2003 et 2012, sont de nouveau en hausse depuis 2013 : l’année 2015 confirme la tendance. Toutefois, le nombre de molécules différentes détectées est lui nettement en baisse par rapport aux trois dernières années. Neuf molécules herbicides ont été détectées en 2015, contre 13 de 2012 à 2014.
Les concentrations de fongicides, traditionnellement plus fluctuantes car très dépendantes des conditions météorologiques, sont également sensiblement plus élevées ces deux dernières années. Contrairement aux herbicides, le nombre de molécules est en hausse par rapport à 2013 et 2014.
Les concentrations d’insecticides poursuivent en revanche la tendance à la baisse observée depuis 2003.
R.E. : Quelles sont les solutions mettez-vous en avant ?
A.G. : L’Inra et la Chambre d’agriculture sensibilisent les jeunes agriculteurs et les enseignants. Nous mettons en avant l’adaptation du pulvérisateur par le choix de buses appropriées, pour mieux cibler le feuillage, ou l’utilisation de panneaux récupérateurs qui permettent de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires. La génétique nous semble également un levier intéressant, avec la création de plantes plus résistantes aux maladies. Des actions sont en cours dans le cadre du plan Écophyto.
Mais il y a une différence entre les molécules que nous retrouvons dans l’air et dans l’eau. Ce qui complexifie les stratégies de réduction de produits phytosanitaires.