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Pesticides : une semaine médiatique chargée

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Emballement, opportunisme, combat, convictions ? Les attaques contre les pesticides fusent. Elles trouvent un large écho dans la presse généraliste avec un traitement parfois surprenant. Les médias grand public ont toujours été à charge sur le dossier des pesticides Cette fois, le traitement prend une dimension toute particulière. Libération, en date du 18 juin, avance ses pions avec la diatribe d’Olivier Assouly, philosophe, spécialiste de l’alimentation et du goût. Il accuse l’industrie agrochimique d’être habitée par une pulsion de mort ! C’est Freud qui l’a prédit, explique-t-il : « Il existe chez l’homme une pulsion de destruction dont la finalité est de ramener la vie à l’état inorganique. » La chimie est alors une arme de guerre… Le philosophe prône à la fin de sa démonstration le modèle de la biodynamie et de l’agriculture biologique, mais dans le « chapeau » de l’article, Libération voit « une seule thérapie : l’agroécologie. » L’auteur de cette accroche ignore peut- être que c’est la ligne de conduite revendiquée par la majorité des agriculteurs… Les Echos du même jour renchérissent avec un sujet sur la bactérie Xyllela qui ravage les oliviers du sud de l’Italie. L’article relève, parmi les causes possibles de l’apparition de ce mal dévastateur, l’utilisation volontaire de pesticides. Le journal cite un rapport publié en janvier 2015 par l’institut Eurispes et l’observatoire de la criminalité dans l’agriculture et l’agro-alimentaire. Lequel parle d'«  agromafia » ! Le Roundup est le premier mis en cause : « contenant du glyphosate et des fongicides », précise le quotidien. Une recette italienne ? Le Roundup cristallise à lui seul toutes les tensions. Pour preuve, la sortie très médiatique, le 16 juin, de Ségolène Royal à Jardiland. Laquelle surfe sur l’interdiction des pesticides en libre service, alors qu’il s’agit de ventes sous condition. Le projet de plan Ecophyto présenté en décembre 2014 proposait déjà de ne plus les laisser accessibles dans les rayons. Les politiques sont directement questionnés sur ces dossiers. La consultation publique du second plan Ecophyto se termine le 29 juin. La loi sur la biodiversité repasse dans le Sénat à l’automne. Un amendement a été déposé pour interdire les néonicotinoïdes sur l’ensemble des cultures. Trois des molécules de cette famille font l’objet d’un moratoire européen de deux ans. Il arrive à terme en décembre 2015 et les dossiers sont en cours de révision. Des députés se mobilisent pour justifier l’amendement et rallier l’opinion au-delà des frontières. Le 24 juin, à l’issue du colloque qui se tiendra à l’Assemblée nationale, « Pour l’interdiction des néonicotinoïdes ! », organisé par Delphine Batho, Gérard Bapt et Jean-Paul Chanteguet, la signature d’un appel à interdiction est prévue. L’urgence à enrayer la déperdition des abeilles est incontestable. Elle doit se construire avec tous les acteurs concernés, y compris le monde agricole, absent à la tribune de ce forum. Quant aux ONG, le dossier n’a plus l’exclusivité médiatique de Générations Futures. Greenpeace commence à occuper le terrain, à sa manière. Le mur de bidons devant le siège de Invivo, installé début mai, le rapport « pommes empoisonnées » publié le 16 juin avec la détection de résidus de pesticides dans le sol et l’eau de vergers sélectionnés dans 12 pays en Europe, en sont les dernières illustrations. Le sujet est transversal pour tous les lanceurs d’alerte. Et puis, en dessous de la pile, un article dans l’Humanité : Pommes, pesticides et polémiques. Son auteur a participé aux voyages de presse organisé par les Chambres d’agriculture le 16 juin pour visiter un verger de pommes et de fruits rouges à Jumièges en Seine-Maritime et une exploitation en grandes cultures près du Havre. Il exprime son dépit de ne pas voir dans les lignes de ses confrères de la presse généraliste, un autre angle de vue : celui d’une agriculture qui progresse.