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Phytosanitaires : les agriculteurs bretons sensibilisent les élus et services de l’Etat

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L’initiative de la FDSEA, des jeunes agriculteurs et de la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine fait suite à l’incident en Gironde qui a conduit le gouvernement à ajouter au projet de loi d’avenir agricole des mesures de protection destinées à l’utilisation des phytosanitaires à proximité des lieux sensibles. Pour calmer l’angoisse et les polémiques que provoquent les pesticides, les représentants agricoles ont donc décidé de démontrer aux élus et services de l’Etat que les pratiques sanitaires ont évolué, en leur proposant la visite de la station expérimentale en agro machisme de Saint-Aubin-du-Cormier près de Rennes le 4 septembre. Objectif : « faire preuve de pédagogie et de transparence ». Une démarche appréciée par le préfet de département, Patrick Strodza : « il ne peut y avoir de débat que si on met tout sur la table. L’administration est votre alliée », a-t-il assuré, reconnaissant la démarche volontariste des agriculteurs bretons. C’est bien le plan Ecophyto qui constitue la colonne vertébrale des actions sur les phytosanitaires. « Nous sommes pro-actifs. En témoigne, la démarche  »Ecophyto en Bretagne - les professionnels agricoles s’engagent«  lancée en 2008, qui se poursuit encore », explique Olivier Manceau, responsable du pôle agronomie à la Chambre d’agriculture de Bretagne. Les chambres s’appuient sur un dispositif unique de six stations expérimentales et des liens avec trois stations en légumes. Celle de Saint-Aubin-du-Cormier est spécialisée dans les techniques alternatives au désherbage, un des secteurs les plus consommateurs en pesticides, avec la moitié des tonnages, suivi par les fongicides (25 %) et les régulateurs de croissance (10 %). « La plupart des substances actives se retrouvent à un niveau beaucoup plus bas qu’il y a dix ans », indique Michel Fachier, du pôle agronomie production végétale. Les pollutions ne viennent pas que de l’agriculture Les professionnels n’ont pas manqué d’insister sur la complexité du sujet : les techniques de laboratoire ont évolué avec des seuils de détection de plus en plus bas, les variations climatiques selon les années font varier l’interprétation des résultats, et des sources de contamination peuvent correspondre à d’autres usages. Par exemple, le diuron, interdit en agriculture, est autorisé pour le démoussage des toitures. Ou encore l’Ampa, un métabolite du glyphosate que l’on retrouve dans l’eau, peut aussi provenir des lessives. Une étude est d’ailleurs en cours au niveau national pour connaitre la provenance de l’Ampa, mais les résultats ne seront connus que dans deux ou trois ans. «  Pourquoi alors vouloir interdire le glyphosate en technique culturale simplifiée si nous ne sommes pas sûrs que la molécule retrouvée dans l’eau vient d’une pollution agricole ? », interpelle alors un participant face aux services de l’Etat. Arrêt des financements individuels Quant à Richard Guillouët, directeur du Crodip (le Comité interprofessionnel diagnostics, inspections et formations phytosanitaires), il regrette l’arrêt des financements pour les investissements individuels en phytosanitaire. Créé en 1998, le Crodip a accompagné les exploitations au diagnostic et à l’aménagement des sites phytosanitaires de 2005 à 2013, puis à l’aménagement des pulvérisateurs en service de 2009 à 2013. « Le soutien financier a été un facteur majeur d’acceptabilité par les agriculteurs », indique-t-il. Le diagnostic phytos bénéficiait d’un financement du Conseil régional, et le plan végétal pour l’environnement alimentait l’action sur les pulvérisateurs. Résultats : 2331 diagnostics et 871 aménagements de site ont été réalisés en Bretagne depuis 2005, ainsi que 1086 aménagements de pulvérisateurs en service depuis 2009. Or, depuis le 31 décembre 2013, « il n’y a plus aucun accompagnement individuel sur les phytosanitaires », déplore Richard Guillouët.