Référence agro

Politique de l’eau, « rechercher les mutualisations possibles » : Alexis Delaunay, Onema

Le | Projets-territoriaux

La politique de l’eau évolue, notamment avec l’intégration de l’Onema, l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, dans la future Agence de la biodiversité. Captages prioritaires, Ecophyto, levée du moratoire sur le financement des réserves d’eau : entretien avec Alexis Delaunay, directeur du contrôle des usages et de l’action territorial à l’Onema. Référence environnement : Comment l’Onema va s’intégrer dans la future Agence de la biodiversité ? Alexis Delaunay : Près de 900 agents de l’Onema feront partie de l’Agence de la biodiversité, avec d’autres structures. L’idée était d’éviter de couper les établissements, par exemple entre les missions techniques et les missions de police. Par ailleurs, les agents devront travailler avec ceux de l’ONCSF, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, ou encore avec ceux de l’ONF, Office national des forêts, qui ne seront pas intégrés dans l’agence mais qui ont aussi une mission de police. Il faudra donc rechercher les mutualisations possibles et mieux échanger sur les bonnes pratiques. L’ensemble des missions et des agents de l’Onema devraient être intégrés dans l’Agence et le nom de l’Onema devrait donc disparaître. Le calendrier prévoit la création de l’Agence au 1er janvier 2015, ce qui parait ambitieux. R.E. : Les Agences sont en train de réviser les Sdage, les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux. Où est-ce que cela en est ? A.D. : Les projets de révision des Sdage doivent être finalisés pour août 2014, puis seront soumis à consultation du public du 19 décembre 2014 au 18 juin 2015, pour une validation finale en décembre 2015. Nous comptons sur les médias pour mobiliser la société et l’inciter à donner leur avis sur la politique de l’eau dans les territoires. Les 500 captages d’eau potable prioritaires supplémentaires pourront être définis dans ces Sdage ou en parallèle. R.E. : Comment accélérer le travail sur l’amélioration de la qualité de l’eau ? A.D. : Nous sommes actuellement loin des 66 % des masses d’eau superficielles en bon état écologique d’ici à 2015 demandé par le Grenelle de l’environnement dans le cadre de la directive cadre européenne sur l’eau. De 41,5 % de masses d’eau superficielles en bon état écologique en 2010, nous n’avons progressé que de 2 à 3 points. L’objectif ne sera pas atteint. L’un des problèmes majeurs est le fonctionnement des indicateurs : si un seul est dans le rouge alors l’ensemble de la masse d’eau est considérée comme mauvaise. Or, des améliorations peuvent exister sur certains paramètres. Si nous avons progressé sur les phosphates, avec une baisse des flux dans les cours d’eau de 50 %, ce n’est pas le cas des pesticides et des nitrates. Sur les nitrates, la Bretagne a fait beaucoup d’efforts dans le cadre des marées vertes, mais la situation s’est dégradée dans d’autres régions et il n’existe pas d’amélioration notable sur l’ensemble du territoire. Pour les pesticides, dans le cadre d’Ecophyto, le ministère a annoncé, en décembre pour la première fois, une baisse du Nodu entre 2011 et 2012. Or, ce n’est pas ce que retrouvent les Agences de l’eau. Il faut que l’on analyse ces données encore plus finement. Pour faire évoluer les pratiques, nous devons démontrer aux agriculteurs qu’une baisse de pesticides fonctionne économiquement. Les données des fermes Dephy vont arriver et devraient aider à diffuser cette argumentation. Mais il faudrait en extraire des indicateurs parlant pour les agriculteurs. A côté de notre engagement dans Ecophyto, nous travaillons beaucoup sur le contrôle du respect des distances d’épandages des pesticides et des bandes enherbées le long des cours d’eau. Le contrôle technique des pulvérisateurs est également important pour limiter l’impact des épandages sur le milieu. Par ailleurs, les agences de l’eau contribueront à la mise place de mesures agro-environnementales « systèmes » avec le ministère de l’Agriculture, qui permettra aux agriculteurs de bénéficier de fonds européens. L’ambition est de promouvoir un changement de pratiques qui puissent être viable dans la durée. R.E. : Sur l’aspect quantitatif, le moratoire sur le financement des réserves d’eau a été levé. Où en sont les projets ? A.D. : L’objectif est de trouver un équilibre en la recherche des économies d’eau et la mise en place de réserves d’eau. Le moratoire sur les réserves a été levé par Philippe Martin, ancien ministre de l’Ecologie. Chaque bassin devra faire valoir ses ambitions dans le cadre d’un projet de territoire. Les lignes directrices pour les établir devraient bientôt arriver dans les Agences. La création de réserve doit aborder aussi la question des financements et des cultures prioritaires.