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PORTRAIT. « Mes missions évoluent vers le carbone, les GES et l’air », Sarah Pétiard-Colombié, Chambre d’agriculture

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A l’interface des décisions politiques ou réglementaires et des agriculteurs, les responsables environnement, agro-écologie, R&D, transforment les enjeux environnementaux en conseils et actions concrètes. Référence-environnement.com entame une série de portraits de ces passeurs essentiels de l’agro-écologie. Ils nous livrent leur vision de l’agriculture de demain. Premier entretien avec Sarah Pétiard-Colombié, chargée de mission environnement à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Référence environnement : Quelles sont vos missions à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire ? Sarah Pétiard-Colombié : J’ai un métier transversal qui dépend du pôle territoire de la Chambre régionale d’agriculture. Je suis amenée à travailler avec l’administration, les collectivités territoriales, les syndicats des eaux et de l’énergie, ou encore les agriculteurs. J’anime par ailleurs un pôle régional inter OPA (organisations professionnelles agricoles) avec des élus de chambres, les jeunes agriculteurs, Coop de France Ouest et la FRSEA (Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles) où nous abordons tous les sujets environnementaux. Nous nous positionnons comme des interlocuteurs techniques entre les collectivités, l’administration et le monde agricole. J’anime aussi certains sujets avec les responsables environnementaux départementaux : nous travaillons en ce moment sur des outils d’accompagnement des contrats territoriaux pour améliorer la qualité de l’eau. Les pesticides et l’énergie ne sont plus de mon ressort, puisque la Chambre a créé un pôle spécifiquement dédié au plan Ecophyto et un autre à la problématique énergétique. J’occupe ce poste depuis quatre ans. J’ai une formation d’ingénieur agricole et un mastère en ingénierie et gestion de l’environnement. R.E. : Comment ont évolué les sujets environnementaux ? S.P.-C. : Il y a eu le volet nitrates qui nous a beaucoup mobilisé, puis les pesticides qui sont devenus une problématique à part depuis le plan Ecophyto. L’azote reste un sujet majeur mais mes missions évoluent vers le carbone, les gaz à effet de serre et la qualité de l’air. Par exemple sur la qualité de l’air, un arrêté national propose une série de mesures, qui concernent aussi le monde agricole, en cas de pic de pollution. Or, ils arrivent souvent par temps froid et sec, donc en février, à un moment où les agriculteurs épandent les fertilisants. Il faut anticiper : nous souhaitons intégrer les investissements favorables à la qualité de l’air, comme l’acquisition de pendillards, nous y travaillons dans le cadre d’un nouveau programme de financement auquel auront accès les agriculteurs à partir de janvier 2015 : le PCAE, le plan de compétitivité et l’adaptation des exploitations agricoles. Ce plan est destiné à remplacer plusieurs dispositifs (Plan végétal pour l’environnement PVE, Plan de performance énergétique PPE, Plan de modernisation des bâtiments d’élevage PMBE…) en 2015. Nous n’apportons pas des solutions purement environnementales, mais des solutions qui s’insèrent dans le principe de l’agriculture écologiquement intensive, AEI. Elles doivent répondre à des thématiques multiples. Par exemple, le projet Agrinov, mené par la Chambre d’agriculture de Maine-et-Loire, évalue la qualité des sols des agriculteurs afin de choisir des pratiques qui améliorent la matière organique, la fertilité des sols et donc agissent sur les émissions de gaz à effets de serre. L’opération annuelle Innov’Action permet le transfert de connaissance par des journées portes ouvertes chez les exploitants. Sur le carbone, nous avons identifié différents leviers et nous avons pointé le stockage du carbone comme une contribution positive de l’agriculture. R.E. : Comment voyez-vous évoluer la problématique environnementale en agriculture ? S.P.-C : L’AEI est un bon appui pour anticiper les sujets montants. Demain, il faudrait que nous allions vers une intégration et une reconnaissance plus forte de l’environnement au sein de l’exploitation, calculer sa plus-value. Il faudrait réfléchir à la vraie valeur de l’implantation d’une haie, en termes de stockage de carbone, érosion des sols, biodiversité, qualité de l’eau, etc. En s’appropriant les enjeux, l’agriculteur pourra davantage les valoriser. R.E. : Quels sont les freins chez les agriculteurs ? S.P.-C : Le principal frein est la prise de risque. Il y a des enjeux économiques, de débouchés notamment quand on varie les assolements. Les changements de pratiques nécessitent aussi parfois des investissements à long terme. L’agriculteur a besoin de se rassurer, soit par ses pairs, et c’est le cas avec Innov’action, soit par un coup de pouce financier. Les conseillers doivent aussi être là pour conforter les choix des exploitants.