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Pression sur l'eau, sur les produits phytosanitaires… les maïsiculteurs sur tous les fronts

Le | Projets-territoriaux

« Oui, des solutions existent pour que le maïs redevienne compétitif. Qu’on nous laisse les mettre au point ! Sinon, nous resterons toujours sous la coupe de Bruxelles. » Une prise de parole signé Daniel Peyraube, dans le cadre du congrès du maïs, qui s’est tenu les 22 et 23 novembre 2017 à Toulouse. Le président de l’AGPM évoquait là les promesses d’Emmanuel Macron de stopper la sur-réglementation franco-française. Un sujet qu’il n’a pas eu l’occasion d’évoquer avec le ministre de l’Agriculture. Invité et prévu au programme, ce dernier s’est décommandé. « Monsieur le Ministre, nous n’acceptons pas que vous ne soyez pas là ce soir. Quand on laisse la place vide, ce sont d’autres ministres qui l’occupent », a lancé Daniel Peyraube.

Manifestations contre les glyphosate devant le palais des congrès

Si le ministre s’est fait remarquer par son absence, les manifestants anti-glyphosate étaient bien présents : dehors, devant le palais des congrès, mais aussi dans la salle. Ils ont profité de l’allocution de Luc Ferry, ancien ministre, pour se lever et déployer leur banderole : « Glyphosate : permis de tuer ». « Ils jouent sur la peur et non sur la raison », a réagi Luc Ferry. Évoquant le dossier des OGM, il a expliqué : « Que vous le vouliez ou non, le maïs est pour beaucoup considéré comme le symbole des OGM. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas démontré que c’était dangereux, qu’il ne faut pas l’interdire. » Ajoutant trivialement : « avec le glyphosate, vous êtes mal barrés. »

Tout au long de ces deux journées, la pression sur les produits phytosanitaires, glyphosate et traitements de semences en tête, a plusieurs fois été évoquée. Pour Daniel Peyraube, c’est peut-être l’une des explications qui pousse les agriculteurs à se détourner maïs. « En cinq ans, les surfaces ont reculé de 17 % en France et pour les semis 2018, la sole devrait encore reculer de 1 à 2 %. »

Les nouvelles génétiques peinent à séduire les agriculteurs

Autre constat : les producteurs boudent les nouvelles génétiques. « Depuis 2013, le taux d’utilisation des variétés de plus de six ans a augmenté (+9 %, à 39 % de PDM) tandis que celui des variétés de moins de 3 ans a baissé (-5 %, à 22 % de PDM), illustre Rémi Bastien, président de la section maïs de l’UFS. La profession n’arrive plus à valoriser les efforts de recherche. »

En matière d’irrigation, Éric Fretillère, président d’Irrigants de France, a martelé qu’une bonne gestion de l’eau passait par une sécurisation des volumes. « Pour cela, nous devons développer les liens avec les autres usagers de l’eau : à l’échelle du territoire, des régions, de la France mais aussi à l’échelle de l’Europe. » D’où l’idée de créer l’association Irrigants d’Europe, aux côtés de l’Italie, de l’Espagne et du Portugal. Ces quatre pays concentrent 80 % des irrigants en Europe. Cette association, dont Éric Frétillère sera le vice-président, devrait être opérationnelle dès 2018. Elle pourrait, à terme, s’ouvrir à d’autres pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas, où là aussi, l’eau est un enjeu majeur. Tous misent sur une meilleure communication, auprès du grand public mais aussi des agriculteurs, pour redorer l’image du maïs.