Programme « pesticides » : des échanges fructueux entre la recherche et les acteurs de terrain
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L’institut de recherche en agronomie, Inra, et le ministère de l’Ecologie, ont organisé un colloque de restitution des premiers résultats du programme « pesticides », les 4 et 6 novembre à Angers. Lancé en 1999, il a évolué dans le cadre du plan Ecophyto avec deux appels à projets en 2009 et 2011. Objectif : apporter des résultats scientifiques fiables pour prendre en compte les risques liés aux pesticides. Pas moins de 25 projets de recherche ont été présentés avec des échanges avec la salle sur la modélisation du devenir des pesticides, les incidences sur les organismes cibles et non cibles, les alternatives aux pesticides, l’amélioration de l’efficience des produits phytosanitaires, la reconception des systèmes de cultures, etc. La diffusion des résultats en question Directions régionales de l’agriculture, chambres d’agriculture, agences de l’eau, sociétés phytosanitaires, syndicats de bassins versants étaient présents pour des échanges très fructueux. La problématique de la diffusion des résultats de recherche, un des objectifs du programme « pesticides », à suscité beaucoup d’interrogations. « Vous développez des modèles mais nous avons du mal à aller vers des règles de décision simples en sortie de terrain, a indiqué Guillaume Girard, chef de projet écophyto à la Draaf Midi-Pyrénées. Nous avons l’impression d’un gâchis et de beaucoup d’énergie dépensée. » Pour les chercheurs, l’objectif n’est pas obligatoirement une diffusion pratique des résultats mais aussi un besoin d’accroître les connaissances. Le manque de développeurs en informatique explique aussi la difficulté à mettre au point des outils opérationnels. Une des clés consensuelles pour une meilleure appropriation des résultats est la co-construction des programmes scientifiques. « Les territoires doivent s’approprier les questions de recherche, a indiqué Denis Faure, du CNRS Gif-sur-Yvette. Il y a des différences régionales et un intérêt majeur à bien travailler avec les acteurs locaux. » Les conseils régionaux ou les pôles de compétitivité sont appelés à prendre davantage part aux travaux, car ils constituent une bonne interface entre la recherche et les acteurs de terrain, de plus en plus impliqués dans les études de recherche. D’ailleurs, certaines innovations émanent des acteurs de terrain, comme les filets Alt’carpo, une toile insect-proof pour les vergers de pommiers, créés par les chambres d’agriculture. Responsabilité de la filière Reste que toute la filière agricole, jusqu’à l’aval, doit prendre part à la réduction des pesticides. « L’usage des bâches contre la tavelure en vergers de pommiers semble réellement efficace pour diminuer les intrants. Elles ne coûteraient que 5 centimes d’euros par kilogramme. Or, les arboriculteurs nous indiquent qu’ils ne peuvent pas supporter ces coûts du fait de la crise », s’insurge Bertrand Omon, animateur Dephy à la Chambre d’agriculture de l’Eure. Les prix actuels payés aux producteurs de pommes sont en effet très faibles. La filière est donc interpellée sur sa responsabilité à fournir au consommateur des produits ayant été cultivés avec des faibles quantités de produits phytosanitaires. Le détail du programme « pesticides » va paraître dans un ouvrage aux éditions QAE au premier trimestre 2015.