Prospective Agrimonde-Terra : « il faudra étendre les surfaces dédiées à l’agriculture »
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Menée par le Cirad et l’Inra, dans la continuité du travail déjà engagé en 2010, la prospective Agrimonde-Terra a livré ses verdicts le 24 juin. Partant de deux scénarios aux conséquences extrêmes, l’un centré sur les effets de la « métropolisation », l’autre sur la « fragmentation », impliquant le repli sur elles-mêmes des communautés rurales, la prospective propose trois scénarios alternatifs.
Point commun : il faudra étendre les surfaces dédiées à l’agriculture en respectant des objectifs d’atténuation du changement climatique, de limitation de la déforestation, et de protection de l’environnement. Par ailleurs, quelle que soit la voie choisie, des régions comme l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient, l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne ou l’Inde auront du mal à s’adapter en raison de leur situation nutritionnelle et agricole actuelle, de leurs perspectives démographiques et de leur dépendance aux importations agricoles.
Trois scénarios
Le premier scénario s’appuie sur l’adoption de régimes alimentaires sains pour tous les habitants de la planète, avec une consommation accrue de céréales, légumineuses, fruits et de légumes, et une limitation des produits animaux et ultra-transformés. Cette voie, potentiellement la plus durable, nécessiterait des politiques nutritionnelles fortes et concertées au niveau mondial, ainsi que des politiques agricoles permettant de garantir une certaine intensification, mais de manière durable, des productions végétales et animales.
Une seconde option vise à une plus grande régionalisation des systèmes alimentaires, favorisant le développement d’une alimentation suffisante à partir de structures traditionnelles de consommation et d’une agriculture régionale répondant au mieux à cette demande alimentaire locale. Tout en nécessitant la mise en place d’accords commerciaux régionaux, ce scénario requiert aussi une adaptation importante des agricultures. Outre une pression accrue sur les terres agricoles, cette option ouvre, en outre, une voie étroite pour des régions comme l’Inde, l’Afrique du Nord - Moyen-Orient et l’Afrique sub-saharienne qui auront encore besoin d’importer une partie importante de leur alimentation.
Un outil de dialogue
Enfin, l’idée de faire reposer la sécurité alimentaire mondiale sur des ménages pluriactifs et développant des activités de transformation en zone rurale est analysée. Les effets de ce troisième scénario, dit « des ménages », sont proches de ceux de la « régionalisation » avec une moindre pression sur les ressources en terres dans certaines régions.
Ces résultats ont également pour objectif de favoriser le dialogue entre les différents acteurs responsables de l’utilisation des terres et de la sécurité alimentaire dans le monde.
- Référence : Agrimonde : Scénarios et défis pour nourrir le monde en 2050. Paillard S., Treyer S. et Dorin B. (coordinators), 2010. Paris : Quae.