Réactions à la V2 d’Ecophyto, deux pommes de discorde
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La conférence nationale « 2015 - L’An 1 de l’agro-écologie » le 30 janvier a suscité un flot de réactions, pour beaucoup reprises lors du tour de table à l’issue du Comité national de pilotage qui s’est tenu le matin même. Les lignes de fracture entre les professionnels et les ONG passent par deux points principaux : l’évaluation de l’usage ou de l’impact des produits phytosanitaires et la mise en action de mesures coercitives. Première pomme de discorde : le fait de reprendre un objectif chiffré, moins 50 % d’usage des produits phytosanitaires dans les dix années à venir. Orama (1) « rejette toute logique de réduction aveugle de l’usage des produits phytosanitaires (…) illusoire tant que les solutions prônées pour y parvenir ne sont pas disponibles ». « La prise en compte du seul Nodu (2), est une erreur, estime l'UIPP (1), l’utilisation des produits phytopharmaceutiques étant fortement liée aux conditions climatiques. » Les fournisseurs de produits préconisent de prendre en compte « la réduction des impacts environnementaux et sanitaires des produits comme l’indicateur de suivi prioritaire. » « Il n’y a plus de différence à faire entre usage et impact », répond le ministre de l’Agriculture, rappelant que 80 molécules les plus dangereuses avaient été retirées du marché. Pour FNE (1), « Ecophyto 2 est le plan de la « dernière chance » (…). Face à l’absence de résultats il faut renforcer les actions et activer tous les leviers : la formation, bien sûr, mais aussi l’évolution des aides de la PAC, la fiscalité, la réglementation. » Générations Futures va plus loin en demandant au gouvernement « de fixer des objectifs de réduction progressifs obligatoires, par région et par type de culture », pour « récompenser ceux qui prendront des risques et soumettre ceux qui ne jouent pas le jeu à des redevances importantes. » C’est l’autre grande fracture avec les professionnels, qui dénoncent au contraire « une pression fiscale disproportionnée » (UIPP) et souhaitent limiter les contraintes qui seraient autant de distorsions de concurrence au sein de l’Europe et au-delà. « Plutôt que des mesures coercitives, engageons des démarches positives entre acteurs », a plaidé Xavier Beulin, président de la FNSEA (1). Rappelant le risque de fragiliser les exploitations par des contraintes excessives, il a appelé à la mobilisation de moyens pour investir dans l’innovation. Ce thème est repris par l’ensemble des représentants du monde agricole, y compris par les semenciers. Ils se félicitent que la création variétale soit clairement citée comme moyen de produire plus et mieux. Ils font d’ailleurs leur entrée officiel comme membre du Comité national d’orientation et de suivi d’Ecophyto. (1) FNAB, Fédération nationale de l’agriculture biologique ; FNE, France nature environnement ; FNSEA, Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles ; Orama, union syndicale des producteurs de grandes cultures ; UIPP, Union des industries de la protection des plantes ; (2) Nodu, nombre de doses unitaires de substance phytosanitaires vendues.
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