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Réduction des pesticides : la contribution à deux facettes de l'aval des filières

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Quelle est l’influence de l’aval des filières sur la pratique du biocontrôle en agriculture ? C’est une des thématiques soulevées par la Conférence sur les moyens alternatifs de protection pour une production intégrée, le 23 mars à Lille. Si, face à une demande sociétale en attente d’une réduction de l’usage des pesticides, la distribution impulse une dynamique, celle-ci prend parfois une tournure délicate en remontant la filière.

La spirale des cahiers des charges de distributeurs

L’arboriculteur Emmanuel Dalle, installé dans les Hauts-de-France, s’est pris au jeu des cahiers des charges… un jeu qui vire au casse-tête. Global Gap est un référentiel mis en place par la grande distribution au niveau de l’Europe du nord, EQC une démarche propre à Carrefour, et Bee friendly une initiative de Monoprix. « Et comme je suis en train de convertir deux hectares de vergers en bio, je jongle avec quatre règles du jeu différentes ! » Si toutes vont globalement dans le même sens, les correspondances n’existent pas. L’interopérabilité souhaitée par l’agriculture, notamment pour ses outils numériques, n’existe pas dans le monde des cahiers des charges.

« Pour être bien notées des ONG, les enseignes rivalisent de contraintes, déplore encore l’agriculteur. D’une semaine à l’autre, le nombre de molécules résiduelles détectées peut être réduit. Et si les pommes sont déjà dans les frigos, impossible d’honorer les nouvelles conditions… »

La proximité pour contourner la complexité de certaines démarches

La multiplication des démarches et labels de distributeurs rend moins visible la communication des maillons amonts. Noyé de logos et de visuels, le consommateur n’est guère réceptif à certaines explications. « Tout ce qui est vertueux en matière de réduction des phytos, mais moins absolu que le bio, mérite d’être décrit. Mais on ne peut pas rajouter 10 lignes d’écriture sur l’étiquette d’une pomme… », résume Michel Griffon, président de l’association AEI, Agriculture écologiquement intensive.

L’agronome et économiste propose, au moins pour les produits frais, une porte de sortie vers les circuits de proximité : « Les produits régionaux attirent la confiance du consommateur. Le producteur local a plus d’écoute, de crédit, pour dire que le biocontrôle permet de réduire les doses de pesticides sans complètement les remplacer, par exemple. Ou qu’une pomme résistante à la tavelure n’est pas forcément un OGM. »