Réduction des pesticides, un premier bilan pour le projet Protect’Agrumes en Corse
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« Protect’Agrumes et autres productions végétales en Corse ». C’est l’intitulé complet d’un projet scientifique lancé en juillet 2018 par l’Université de Corse et le CNRS, en partenariat avec l’Association de recherche et d’expérimentation sur les fruits et légumes de Corse (Areflec), l’Inter Bio Corse et l’Institut national de recherche agronomique (Inra). Son objectif ? Trouver, d’ici à 2021, des alternatives « bio » aux pesticides de synthèse pour protéger les cultures de la filière agrumicole corse. L’une des ambitions est aussi d’œuvrer dans le sens d’une « autonomie insulaire » en limitant l’importation de produits extérieurs, privilégiant l’usage des matières issues du territoire corse.
Un important axe de travail sur les auxiliaires de culture
Près d’un an et demi après le démarrage de ce programme, l’Université de Corse propose un premier bilan des tâches engagées. Dans la recherche d’itinéraires de production à bas intrants, des systèmes à base de phéromones doivent être combinés à la lutte biologique grâce aux auxiliaires. « L’Inra de Sophia-Antipolis a entamé des prospections pour évaluer la biodiversité des auxiliaires potentiels déjà présents en Corse, quel que soit le type de ravageur ciblé : lépidoptères, punaises, mouches des fruits… », détaille le professeur Alain Muselli, de l’université de Corse. La tapinoma, fourmi locale, et la mineuse des agrumes, sont particulièrement visées.
Les partenaires du projet insistent sur sa dimension synergique, précisant qu’une collaboration d’une telle ampleur est inédite en Corse. « Le transfert de compétence de l’Inra qui s’appuie sur près de 40 ans d’expertise en la matière, permettra aux personnels de l’Areflec de réaliser les élevages d’auxiliaires », précise Alain Muselli. La coccinelle Cryptolaemus montrouzieri et les parasitoïdes de la cochenille Anagyrus pseudococci et Leptomastix dactylopii, ainsi que le parasitoïde de la mouche de l’olive, Psyttalia concolor, sont concernés. Les procédés développés au cours du projet seront d’abord évalués en laboratoire avant de l’être en parcelles.
Stimuler la filière bio Corse
Autre levier activé : l’utilisation de biostimulants et de biocides innovants issus de végétaux, capables de stimuler les processus naturels de défense des plantes. Des expérimentations grandeur nature des produits capables d’agir sur la croissance de plantes pour les favoriser dans leur concurrence avec les adventices et les ravageurs ont été initiées.
L’objectif, une fois les résultats consolidés, est de diffuser au maximum les pratiques efficaces pour dynamiser la filière bio en Corse. Sur l’ensemble de l’île, quelque 500 agriculteurs sont aujourd’hui certifiés, sur plus de 24 000 hectares, soit 14 % des surfaces agricoles de la Corse. L’Inter Bio Corse note une progression des conversions « de l’ordre de 15 à 20 % par an. »