Rencontres du Gnis : conjuguer biodiversité avec la culture de céréales
Le | Projets-territoriaux
Les cultures de céréales n’ont pas une réputation très flatteuse, quand on parle de biodiversité. Les intervenants de la rencontre filière du Gnis, le Groupement national interprofessionnel des semences, organisée le 4 avril à Paris, ont contribué à tordre le cou à certains préjugés. Marie-Cécile Damave, du think tank Saf Agri Idée, rappelle que la biodiversité prend plusieurs formes. « La biodiversité visible, celle qui parle le plus au grand public, correspond aux abords des champs. Mais il y a aussi la biodiversité utile, productive. L’agriculture, à travers le travail sur la génétique des plantes cultivées, contribue à cette deuxième catégorie. »
Un catalogue des variétés dynamique
En ce sens, Fabrice Dreyfus, membre du Conseil général de l’agriculture de l’alimentation du ministère de l’Agriculture, souligne l’évolution du catalogue des variétés. « Des plantes anciennes, dont les débouchés correspondent à des niches, sont désormais intégrées. Un moyen de dynamiser certaines variétés, voire certaines espèces. » Les aspects environnementaux sont davantage mis en avant dans le catalogue : les critères VAT, pour valeur agronomique et technique, deviennent VATE, avec le « E » de « environnemental ». Pour autant, Fabrice Dreyfus note que le tonus de la filière céréalière n’est pas généralisé : « Une culture comme le lin, avec tous les bienfaits qu’elle draine, est insuffisamment stimulée. »
Laisser la main à l’agriculteur
Pour accentuer la tendance, une idée fait largement consensus, synthétisée par le président des Jeunes agriculteurs Jérémy Decercle : « Laissez-nous faire ! Nous sommes prêts à nous adapter aux enjeux biodiversité, mais nous n’y arriverons pas mieux par la contrainte. » En clair, un agriculteur enserré par les obligations réglementaires voit le choix de ses pratiques limité. La notion de compétitivité est également revenue dans plusieurs discours. La démonstration est la suivante : un agriculteur dont l’affaire est florissante a plus de ressource et de disponibilité pour se consacrer aux enjeux environnementaux de son activité.
D’autant que les agriculteurs innovent. La biodiversité est de plus en plus travaillée par les céréaliers, à en croire Michael Jacquemin, agriculteur dans la Marne. Il décrit, à titre d’exemple, l’action de Symbiose, association qui fédère des acteurs de sa région autour de l’enjeu biodiversité. Et note également l’atout « image » de certains aménagements très visibles pour les riverains, comme les haies ou les bandes fleuries.
Enregistrer