Retenue d’eau de Caussade : « Nous attaquerons l’arrêté dès qu’il sera publié », Serge Bousquet-Cassagne, Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne
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La préfecture du Lot-et-Garonne s’apprête à faire marche arrière. Elle va publier un arrêté annulant celui publié le 29 juin, qui autorisait la construction de la retenue d’eau collective de 900 000 m3 « de Caussade », à Pinel-Hauterive. La raison ? Une lettre envoyée courant septembre par François de Rugy et Stéphane Travert, demandant à la préfète de retirer son autorisation. À l’heure où le rapport de Pierre-Etienne Bisch sur la gestion quantitative de l’eau vient d’être publié, le cas de la retenue de Caussade démontre une nouvelle fois la grande tension autour de ce sujet.
Divergences autour des impacts environnementaux
« L’État admet enfin que le barrage de Caussade est un projet passéiste, mal ficelé, qui ne justifie ni les nombreux dégâts qu’il va causer à l’environnement, ni la privatisation de l’eau », indique Anne Roques, juriste à France Nature Environnement dans un communiqué du 5 octobre. Sur place, le président de la Chambre d’agriculture, Serge Bousquet-Cassagne, ne décolère pas. « Trois ans que nous travaillons avec les structures locales sur le projet, s’indigne-t-il. Nous avons pris en compte tous les impacts environnementaux et nous avons obtenu l’accord des collectivités et des représentants de l’État. L’arrêté a été publié au début de l’été. Trois mois après, on le retire. Or, il n’est absolument pas illégal. C’est un non-sens. » Pour le président de la Chambre, la riposte est déjà prête : « Nous attaquerons l’arrêté dès qu’il sera publié ! »
Enveloppe de trois millions d’euros
Qu’en est-il du projet ? Il est doté d’une enveloppe de trois millions d’euros, dont 1,55 M€ financés par les irrigants eux-mêmes, un million d’euros du Conseil régional et 450 000 euros du Conseil départemental. Quant aux 900 000 m3 de volume, la répartition se décline en 400 000 m3 pour réalimenter le ruisseau en amont, 300 000 m3 pour l’irrigation, et 200 000 m3 de réserve. 27 agriculteurs, sur 400 hectares, dont six en agriculture biologique, sont concernés.
Serge Bousquet-Cassagne estime que les compensations environnementales ont été prises en compte. « Nous avons conservé les arbres où nichaient les chiroptères, le chêne où se réfugiaient des Grands capricornes, nous avons maintenu les corridors écologiques, replanté les tulipes, compensé par trois les zones humides… poursuit-il. Dans notre département, nous avons une agriculture à haute valeur ajoutée qui a besoin d’eau : production de semences, noisetiers, arboriculture. Chez nous, sans eau, il n’y a pas d’agriculture. » Le lancement des travaux était prévu début novembre.