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Santé des abeilles : l’Unaf dénonce un double langage du gouvernement

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Alors que 2014 a été la pire des années de récolte du miel, l’Unaf a pointé lors de sa conférence de presse annuelle, le 19 mars, le double langage du gouvernement : « agro-écologie d’un côté mais rien concrètement de l’autre pour résoudre le problème de santé des abeilles ». La mortalité des colonies d’abeilles a dépassé 50 % du cheptel dans certaines régions. « Et ce ne sont pas nos pratiques qui sont en cause comme cela a été souvent dit, a insisté Gilles Lanio, président de l’Unaf. Nous conduisons au sein de nos exploitations tous nos ruchers de la même manière et pourtant certaines ruches disparaissent entièrement et pas d’autres. » Le retrait des néonicotinoïdes à base de thiaclopride et d’acétamipride Même si les mauvais résultats, 10 000 tonnes contre 32 000-33 000 en 1995, sont pour partie dus aux mauvaises conditions climatiques, Henri Clément, porte-parole de l’Unaf, ne cache pas son mécontentement sur la gestion du dossier des pesticides. Prenant pour exemple le rejet par le Sénat, le 4 février, de la proposition de résolution pour une interdiction plus large des néonicotinoïdes. Si l’Unaf se réjouit de l’adoption en première lecture de l’amendement déposé par Delphine Batho et Gérard Bapt pour interdire les néonicotinoïdes, Bernard Fau, avocat du syndicat souligne la complexité des procédures administratives si une telle décision était aussi validée par le Sénat et définitivement adoptée. La position du syndicat est d’obtenir le retrait des produits de la famille des néonicotinoïdes à base de thiaclopride et à base d’acétamipride (sur arbres fruitiers). Il demande aussi l’extension de l’interdiction de l’imidaclopride, du thiametoxam et de la clothianidine à toutes les cultures notamment les céréales à paille. Si la Commission européenne a partiellement suspendu pour deux ans l’utilisation de quatre néonicotinoides (imidaclopride, chlotianidine, thiaméthoxam et fipronil), l’Unaf tient aussi à rappeler que 2015 sera marquée par un enjeu majeur avec l’adoption par les Etats membres des lignes directrices de l’Efsa pour évaluer l’impact des produits phytosanitaires. « Il y a de réelles avancées puisque le texte de guidance prévoit les tests sur la toxicité sublétale, l’enrobage des semences, et des tests sur bourdons et abeilles solitaires. Par contre nous sommes contre le taux de mortalité acceptable de 7 %. » Autre point de tension avec le gouvernement : le projet d’arrêté qui porte sur les conditions d’utilisation des insecticides et pesticides en présence d’abeilles : « Rien ne bouge, reprend Gilles Lanio. Et la dernière mouture introduit des dérogations pour la vigne et le mais, là encore, double langage. » Inquiétude sur le frelon asiatique Enfin les apiculteurs s’inquiètent de la situation du frelon asiatique et demandent à nouveau qu’il soit classé comme danger sanitaire de niveau 1, que le piégeage de printemps des reines fécondées soit généralisé et soutenu par le gouvernement et que la destruction des nids par le SO2 soit autorisée de façon pérenne. « Nous avons besoin du soutien de l’Etat, poursuit Henri Clément, le piégeage des reines est une mesure efficace qu’il faut étendre. » Bertrand Auzeral, vice-président de l’Unaf, a toutefois souligné l’évolution positive des relations entre les agriculteurs et les apiculteurs notamment via des groupes de concertation mis en place dans certaines zones. A noter toutefois, le problème de Mortalité des abeilles après les estives notamment dans les Pyrénées ariégeoises. Elles auraient été intoxiquées par une molécule utilisée pour assainir les bâtiments d’élevage ou traiter les bovins contre les mouches. « Elle se trouve dans les déjections animales, dans les jus, puis dans l’eau stagnante, eau qui contamine ensuite les butineuses des ruchers placés dans les zones d’estives », a expliqué Marc-Edouard Colin vétérinaire qui a suivi le dossier. Pour autant aucune réunion de concertation entre éleveurs et apiculteurs n’a été organisée localement.