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Santé des abeilles : l'Unaf épingle aussi les pesticides d'élevages

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« Comment les pesticides utilisés dans les élevages menacent les abeilles. » C’est le titre, explicite, d’une étude publiée le 15 novembre par l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf). Réalisé sous la direction du scientifique Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS, avec le concours de la Fédération française des apiculteurs professionnels (FFAP) et de l’organisation européenne Bee Life, le rapport établit le risque causé par les pesticides d’élevage, « à usage vétérinaire et biocide. » 

Exposition via l’eau et les excréments

Les abeilles seraient exposées « à des doses potentiellement nocives » via la contamination des eaux et des excréments du bétail. Antoine Caron, administrateur de l’Unaf, rappelle l’origine de ce travail : « Dès 2008, nous avons constaté des mortalités dans des zones, notamment montagneuses, où l’élevage est la seule activité à utiliser des pesticides. » Le rapport cite des intoxications en Ariège (2008), en Aveyron (2010), dans les Pyrénées orientales (2013).

Action auprès des pouvoirs publiques et de l’Anses…

« L’analyse générale s’est cantonnée à l’explication d’une mortalité multifactorielle », déplore Antoine Caron, qui espère que ce rapport fera bouger les lignes. L’Unaf a contacté l’Anses et le ministère de l’Agriculture, pour le moment sans retour. « L’évaluation de ces produits vétérinaires et biocides ne considère pas ce risque d’exposition », rappelle Antoine Caron. Le rapport fait par ailleurs le constat « d’une inquiétante méconnaissance par les pouvoirs publics des pesticides utilisés et des quantités employées dans les élevages. » Le syndicat demande à ce que l’homologation de ces produits évolue, et que soit lancée une dynamique dans la recherche d’alternatives moins toxiques.

…et auprès des acteurs de terrain

Mais l’Unaf mise aussi sur les démarches de terrain : « Nous espérons coopérer avec les chambres d’agriculture et les groupements vétérinaires », glisse Antoine Caron. Et de citer des collaborations fructueuses entre apiculteurs et éleveurs. Comme, par exemple, le projet EleVE, « Maîtriser le parasitisme des troupeaux en respectant l’environnement », qui vise à réduire l’utilisation de traitements antiparasitaires dans des zones humides d’Auvergne, via des traitements raisonnés au cas par cas.