Sommet de l’élevage : des solutions associant rentabilité et environnement
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Entre les tensions économiques et la crise de fièvre catarrhale ovine (FCO) qui frappe l’Auvergne depuis plusieurs semaines, le Sommet de l’élevage, qui s’est déroulé du 7 au 9 octobre à Cournon (63), n’a pas débuté sous les meilleures augures. Les annonces faites par Stéphane Le Foll au sujet de la FCO n’ont pas convaincu. « Supprimez les zones d’interdiction », réclame un éleveur. Ces périmètres sont responsables de l’immobilisation des bovins, les grands absents de ce Sommet. Une absence qui a terni l’engouement des visiteurs : l’organisation estime à 17 % la baisse de fréquentation par rapport à l’édition 2014, avec 72 000 visiteurs. Dans ce contexte difficile, les exposants tentent d’allier la rentabilité des exploitations à la performance environnementale. Outils d’aide à la décision (OAD), variétés tolérantes à la sécheresse ou fertilisation optimisée, tour d’horizon des solutions des distributeurs et des fournisseurs. Sur les stands des semenciers, avec la canicule de 2015, les gammes de variétés tolérantes à la sécheresse sont à l’honneur. Chez Caussade Semences, elles sont estampillées « conditions séchantes ». « Notre génétique rustique est ce qui nous caractérise. Elle est performante en conditions optimales et le reste en conditions de sécheresse », insiste Célia Brogniet, directrice marketing chez Caussade. RAGT Semences met en avant sa gamme de maïs « Stressless H2O ». Les variétés sont testées durant trois ans avant d’obtenir cette distinction. Elle compte déjà 14 variétés. Quatre sont en dernière année d’expérimentation et devraient être commercialisées sous ce nom pour la campagne 2016. Pour Semences de France, au-delà du lancement de nouvelles variétés, « l’accompagnement est essentiel », constate Jean-Luc Dolique, chef de produit fourragère. Avec leur OAD Prairiescope, fonctionnel depuis un an, le groupe conseille les éleveurs dans leur choix de semences fourragères et sur la fertilisation. En matière de fertilisation, les minéraux granulés Entec restent la tête d’affiche chez Eurochem, pour les éleveurs venus à Cournon. « Entec valorise le capital prairie et apporte une simplification de la fertilisation pour les éleveurs : de deux passages, on passe à un », résume Pierrick Lefrere, responsable marketing. Timac Agro, jusqu’alors tourné vers la nutrition végétale, accélère ses efforts de diversification sur la production animale. Après le lancement de « Actipost » en septembre, Timac Agro vise désormais de nouveaux marchés. « Nous souhaitons élargir notre cible en allant vers la filière porc ou l’aquaculture », explique Fabien Rius, responsable relation clients chez Timac Agro. Encore en phase d’essai, certaines de ces gammes pourraient voir le jour dès 2016. Le groupe devrait aussi inaugurer l’année prochaine son centre mondial de l’innovation à Saint-Malo. Il concentrera les trois sites de recherche et développement du groupe situés en France, en Espagne et en Amérique du Sud. Pour les coopératives auvergnates, l’heure est à la création de valeur ajoutée pour la filière viande. Coop de France Rhône-Alpes Auvergne s’est mobilisée autour de la conférence sur l’adaptation des coopératives face aux évolutions des modes de consommation. « Avec 42 % de la viande bovine consommée sous forme de steak haché, la filière doit s’adapter, de l’amont à l’aval », insiste Jean de Balathier, directeur de Coop de France Rhône-Alpes Auvergne. Trois structures ont présenté leur démarche de segmentation de l’offre. La coopérative Covial, du groupe Altitude (15), qui a fait le choix des steaks hachés « haut de gamme » en valorisant les races de la région. L’abattoir de la Sicaba (03) s’est dirigé vers les appellations de qualité, les labels rouges ou encore le bio, en cherchant à commercialiser en circuit court. Enfin, la coopérative Unicor (12) a créé sa propre chaine de magasins, les Halles de l’Aveyron, où elle vend près de 10 % de ses produits. Et parce qu’il n’y a pas que la viande qui soit « Made in France », Lhoist agriculture met aussi en avant ses amendements et ses produits d’hygiène d’origine 100 % française, produits sur 22 sites. Sont ainsi labellisés l’Oxyfertil, le produit phare du groupe, et Saniblanc. Ce désinfectant pour litière est utilisable en agriculture biologique. Mélangé à la paille, il peut être ensuite épandu sans risque sur les cultures.