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Sommet du Végétal : l’environnement, le sujet qui fâche

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Le Sommet du Végétal, qui s’est tenu à Nantes les 19 et 20 février, a été très vif sur les questions environnementales. « J’avais prévenu, les agriculteurs sont vent debout autour du sujet de l’environnement », a reconnu Philippe Pinta, président d’Orama, l’union qui fédère les fédérations de producteurs grandes cultures. Des professionnels qui n’ont pas hésité à manifester leur mécontentement lors de l’intervention de Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, le 20 février. Parmi les sujets de discorde : la directive nitrates et les nouvelles contraintes qui interdisent l’utilisation d’engrais dans les terrains dont la pente est supérieure à 20 %. « Cela va concerner des centaines de milliers d’hectares », assure Philippe Pinta. Si le ministre a promis qu’il allait tenter de négocier à Bruxelles, il reste très sceptique sur les marges de manœuvre du fait du contentieux européen. Fertilisation : Le Foll valide la méthode Azur Point positif toutefois, qui a contenté l’auditoire : le ministre est favorable au développement de l’outil de pilotage de la fertilisation Azur, mis en place par la filière. « Cette méthode me convient », a-t-il indiqué. Testée en 2013, elle s’adresse aux agriculteurs et à leurs conseillers. Par cette reconnaissance officielle, les producteurs espèrent que l’outil entrera dans la palette de mesures préconisées par les Préfets dans les bassins d’alimentation de captage d’eau potable. L’objectif est de permettre à l’agriculture conventionnelle utilisant ces outils, de pouvoir rester sur ces zones, et d’éviter que seule soient permises l’agriculture biologique ou la culture de miscanthus. SIE : l’enjeu des haies et des arbres Les participants au colloque ont également interpellé le ministre sur le verdissement de la politique agricole commune. Ils demandent que les équivalences dans le cadre des surfaces d’intérêts écologiques (SIE), proposées par la France, soit maintenues. En effet, ce système de pondération attribue une surface équivalente topographique (SET) à chacun des types d’infrastructures agro-écologiques selon son intérêt environnemental. Mais ces coefficients ont été largement diminués par Bruxelles, d’un facteur treize en moyenne, indique Orama. Stéphane Le Foll a assuré qu’il faisait tout son possible, avec son homologue allemand, pour changer la position de la Commission notamment sur les implantations d’haies et d’arbres. Une MAEc zones intermédiaires Autre annonce : la MAEc (mesure agro-environnementales climatique) «  zones intermédiaires » sera effectivement mise en place. Elle cible les régions où la productivité est faible. «  Le projet est proche de l’ancienne MAE rotationnelle, indique Gérard Tubery, président de la FOP, la fédération des oléoprotéagnieux. Nous demandons que l’aide soit fixée à 100 euros par hectare ». Le ministre a réaffirmé son intention de recoupler 2 % des aides du premier pilier en faveur des cultures protéiques. Ce qui conduirait à une enveloppe de 145 millions d’euros, à répartir entre les polyculteurs-éleveurs et céréaliers. Si ces derniers réclament la moitié du budget, le ministre ne s’est pas avancé sur un montant, indiquant qu’il avait aussi des demandes des éleveurs. Il a insisté toutefois sur l’importance de créer des filières en élevage pour assurer un débouché à ces protéines. Non aux OGM, oui à la recherche variétale Après avoir réaffirmé son opposition, pour l’heure, à la culture de plantes transgéniques, « afin de préserver la diversité des types d’agriculture » (voir notre article : OGM : Stéphane Le Foll promet un débat national ), il a indiqué que l’Etat s’engageait dans la recherche génomique et variétale, par le biais de l’Institut national de la recherche agronomique dont les financements en la matière atteignent 50 millions d’euros. Sept cultures sont particulièrement ciblées : blé, maïs, betterave, colza, tournesol, pois protéagineux et cultures énergétiques.