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Space 2015 - L’environnement a tenu sa place, malgré la crise

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Le Space, salon international des productions animales, a difficilement ouvert ses portes le 15 septembre. Des manifestations d’agriculteurs ont entraîné de grandes difficultés d’accès et une baisse de fréquentation de 30 % lors de l’ouverture. Malgré le discours ambiant sur le poids des normes, la thématique environnementale était loin d’être boudée par les exposants, mais plutôt perçue comme une composante de la performance des exploitations. Le Space a aussi fait la part belle au développement du numérique et de l’agriculture connectée. Enfin, les acteurs de la méthanisation, malgré les interrogations du secteur, ont répondu présent. Reportage. L’agro-écologie, une piste contre la crise Les normes environnementales sont-elles en partie responsables de la crise agricole ? Au Space, les professionnels se sont montrés prudents sur cette question. « Oui, il y a une pression réglementaire qui a joué dans la trésorerie », avance prudemment Michel Mariette, responsable communication d’Agrial. Si les exploitants ont la volonté de répondre aux attentes de la société, « la prise de risque qui va avec le changement de pratiques est en effet plus compliqué dans le contexte actuel », explique Marie-Laure Louboutin, responsable communication de Triskalia. Toutefois, l’agro-écologie est davantage considérée comme une piste de sortie de crise. La réduction des intrants entre dans une stratégie de recherche d’optimisation de l’exploitation. Pour Terrena, c’est même une manière de mieux rémunérer le producteur. La structure communique en effet auprès du consommateur avec la marque Nouvelle Agriculture, pour des produits issus de l’agriculture écologiquement intensive. Même son de cloche chez Cooperl. La structure estime que ses éleveurs dégagent une marge brute supérieure à la moyenne. « C’est en partie grâce à la valorisation de certains cahiers des charges de production plus durable », explique Anne-Marie Boullier, directrice communication à la Cooperl. La coopérative a par exemple développé le marché du porc élevé sans antibiotique. Elle annonçait même une aide à l’investissement pour des bâtiments agro-écologiques. L’agriculture connectée, une réalité A l’instar de la plateforme R&D sur le thème « je connecte mon élevage », le numérique et l’agriculture connectée étaient aussi présents au Space. A côté des drones ou des satellites pour piloter la fertilisation, le repérage d’adventices ou de maladies est en pleine expérimentation. « L’analyse comportementale par imagerie issue de caméras de surveillance permet aussi de suivre le bien-être des volailles et leur situation sanitaire », explique-t-on sur la plateforme. Les chambres d’agriculture présentaient l’outil MesP@rcelles. « Les exploitants veulent de plus en plus utiliser le logiciel sur tablette ou smartphone, explique Fabien Stephan, conseiller agronomique dans les Côtes d’Armor. Face à la concurrence, nos points forts restent le prix et le fait que l’outil est 100 % web. » Quant à Isagri, la structure lançait une application smartphone Isaporc/Ediporc pour la conduite d’un élevage porcin. Le projet Agretic - le numérique pour l’agriculture et l’agroalimentaire, porté par le cluster breton Meito, faisait son apparition au Space. « L’agriculture est un fort enjeu pour les entreprises du numérique en Bretagne », rappelle Jean-Paul Simier, directeur filières agricole-agroalimentaire à Bretagne Développement Innovation, BDI. Méthanisation, un marché mouvant Enfin, la méthanisation était largement représentée dans le hall dédié aux énergies renouvelables. Un secteur particulièrement mouvant. « Il y a de nombreux entrants et des sortants, mais globalement nous restons le même nombre d’acteurs », explique Jean-Grégoire Deroo, directeur de Maiveo. Le marché est compliqué : beaucoup d’incertitude sur l’évolution du tarif de rachat d’électricité, de l’injection dans le réseau, ou encore de la réelle volonté de l’Etat. Quid de la rentabilité ? « Il faut bien réfléchir son projet, notamment par rapport à la charge de travail », recommande Olivier Rebaud, fondateur de Bio4Gas. « Mais les éleveurs ont besoin de diversifier leurs activités, explique Jacques Bernard, chargé d’études à Aile. Du coup, la demande ne fléchit pas. »