Référence agro

Témoignage : « Certification HVE , il est trop tard ! »

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__« La certification Haute valeur environnementale des exploitations agricoles  ? Pour moi, c’est une usine à gaz qui ne verra jamais le jour ». Les mots sont durs mais reflètent le climat actuel dans bon nombre de chambres d’agriculture.__ Eric Demazeau est chargé du dossier agriculture raisonnée à la chambre d’agriculture de l’Oise et coordonne le projet pour l’ensemble de la Picardie. Il ne mâche pas ses mots. « Cette situation est lamentable, poursuit-il. Le système qui était en place fonctionnait très bien. Le référentiel était bien fait, adapté aux agriculteurs avec des formations leur permettant de progresser. Les coopératives locales comme Valfrance, les agro-industriels comme Danone jouaient le jeu. L’implication des uns faisait tâche d’huile et en motivait d’autres. La « mayonnaise » commençait à prendre. Il suffisait juste de compléter le référentiel précédent avec de nouveaux volets : un volet économie d’énergie, un volet biodiversité et un autre relatif à la protection intégrée. Cela se serait fait tout naturellement. Là, en voulant tout changer, l’état a stoppé la dynamique qui s’était créée depuis 5 ans. Si encore, la prime de 1000 € avait été conservée ! Cela aurait permis de faire la transition, de ne pas démotiver ceux qui souhaitaient s’engager. Aujourd’hui, plus personne n’y croit. D’ailleurs, nous n’avons plus aucune demande de certifications. Si l’état croit qu’il sera possible de faire marche arrière, de mettre en place une nouvelle qualification et de trouver de nouveaux volontaires, il se trompe. Nous, en tant que conseillers, nous ne sommes plus crédibles. Les années passées, nous avons accompagné des agriculteurs dans des démarches de certification en agriculture raisonnée en leur disant qu’elles étaient des démarches d’avenir - ce à quoi nous croyons encore d’ailleurs - et il se peut que dans quelques mois, ces certifications ne vaudront plus rien. Nous n’avons aucun élément pour répondre à ce genre de questions. Nous ne possédons aucune explication concrète sur le système à venir. Nous sommes dans le brouillard le plus complet. L’été arrivant, il ne se passera sûrement rien avant la rentrée. Mais cela sera trop tard. Le mal est fait. Quel gâchis ! » A.G.