Trame expérimente les PSE sur quatre territoires avec son « LabPSE »
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Lancé il y a moins de deux ans par le réseau Trame, LabPSE expérimente la signature de PSE en Bretagne et en Pays de la Loire. De nombreux défis sont encore à relever, notamment pour faire passer les acteurs du territoire de l’intérêt au contrat. Explications avec Philippe Desnos, pilote du projet au sein de Trame.
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Philippe Desnos, chef de projet « LabPSE » au sein du réseau Trame.[/caption]
Le Plan Biodiversité a accordé 150 M€ aux Agences de l’eau pour tester les paiements pour services environnementaux, PSE, entre 2019 et 2021. Cela n’empêche pas d’autres acteurs agricoles de se mobiliser pour monter leur propre initiative. C’est le cas du « LabPSE », né début 2019 au sein du réseau Trame : « Les agriculteurs que nous accompagnons dans des systèmes agroécologiques regrettent de ne pas être reconnus pour les services rendus, explique Philippe Desnos, pilote du projet au sein de Trame. Nous avons listé les pratiques qui pouvaient avoir un impact positif et nous nous sommes rapprochés de chercheurs de l’Inrae travaillant sur les politiques publiques et les contrats privés. »
Un système plus souple que celui des Agences
Le LabPSE s’appuie sur quatre territoires d’expérimentation : trois en Bretagne et un en Mayenne. « Nous voulons donner la possibilité aux acteurs locaux d’investir et d’être acteurs de la transition agroécologique », poursuit Philippe Desnos. Ce dernier insiste sur l’importance de mettre en œuvre des contrats privés entre les agriculteurs et des entreprises ou collectivités, qui viendront s’additionner aux aides publiques. « Si la prochaine Pac met en place une forme de PSE, avec les ecoschemes, cela sera très formaté, on le voit avec l’expérimentation de l’Agence de l’eau, où il y a des normes à mettre en place, des niveaux à atteindre, indique Philippe Desnos. Nous souhaitons développer un modèle plus souple dans la forme et plus exigeant en termes de résultats. »
Proposer une « boîte à outils » aux agriculteurs
Pour cela, le projet s’est concentré en premier lieu, en 2019, à caractériser précisément les services environnementaux. « Il n’y a pas que le carbone, insiste Philippe Desnos. Au niveau local, je ne suis d’ailleurs pas sûr que ce soit le plus intéressant, nous regardons plutôt du côté de la biodiversité, du paysage, de la qualité de l’eau, des enjeux bénéficiant à l’ensemble des acteurs du territoire. » Un outil d’autodiagnostic a été développé pour évaluer le potentiel des exploitations partenaires des expérimentations. L’ambition est de pouvoir proposer aux agriculteurs une « boîte à outils » dans laquelle piocher au moment de la signature du contrat. En la matière, le modèle sera celui du « cas par cas », en fonction des services rétribués notamment.
Des difficultés à dépasser
Sur le terrain, les marches à gravir sont cependant encore nombreuses. Notamment, la contractualisation des services rendus par les agriculteurs. « Les contrats ne pleuvent pas, il y beaucoup de travail à faire, de questions à traiter, avant d’arriver à la contractualisation, admet Philippe Desnos. Il y a toujours un a priori que le bien commun doit être géré par la seule force publique, mais nous voyons que l’intervention de l’Etat est insuffisante, nous souhaitons interpeler les acteurs intermédiaires et finaux. » Des efforts sont également à déployer auprès des agriculteurs eux-mêmes. Pour l’heure, une dizaine d’entre eux est mobilisée sur chaque territoire. « Il y a un vrai travail de conviction à faire, notamment pour des questions de continuité écologique sur les territoires », rappelle Philippe Desnos.
*Soutenu par Ademe, Fondation de France Grand Ouest, ministère de l’Agriculture, région Bretagne