UIPP : la science doit revenir sur le devant de la scène
Le | Projets-territoriaux
Si les néonicotinoides sont sur le devant de la scène dans le cadre de la loi biodiversité, Nicolas Kerfant, président de l’Union des industries et de la protection des plantes (UIPP), a tenu a rappelé le 12 mai, lors du bilan annuel de l’Union, que les produits de protection des plantes, fréquemment remis en cause, sont pourtant parmi les plus encadrés par la réglementation européenne dans le cadre de leur évaluation et leur utilisation. L’UIPP est favorable aux recommandations de l’Anses qui invite à réduire le risque en améliorant et encadrant les pratiques.
« Toute interdiction est contraire au droit communautaire »
Pour Nicolas Kerfant, « toute interdiction est contraire au droit communautaire et exposera la France à des contentieux. » Il dénonce le « fléchage de substances actives et la non-prise en compte des avis scientifiques de l’Anses. » Des sociétés phytosanitaires pourraient très bien questionner l’Europe sur ce point si une interdiction totale était prononcée. « Les molécules font l’objet de ré-examen et c’est dans ce cadre que l’on prend en compte de nouveaux critères. »
Nicolas Kerfant ajoute que les firmes ont l’obligation de signaler tous problèmes inhérents à une molécule. Il pointe aussi le risque d’apparition de résistance et la nécessité d’avoir une palette de solutions diversifiées face à l’arrivée de nouveaux parasites. La solution par rapport au risque abeille est, au-delà de l’approche multifactorielle sur les causes de déperdition, le développement des actions locales, partenariales entre agriculteurs et apiculteurs avec encadrement des pratiques.
Le 12 mai en soirée, les sénateurs se prononçaient pour des conditions de remplacement progressives des produits contenant des substances actives de la famille des néonicotinoïdes sur avis de l’Anses, sans adopter de date butoir, écartant une interdiction totale.
Écophyto : « Etre associé dans le suivi du plan »
Sur le dossier Écophyto, Eugénia Pommaret, directrice de l’UIPP, a souligné l’accueil positif des industriels pour la mise en place du panier d’indicateurs. Lesquels ont été proposés par la filière. Ils informent sur les usages et font converger les utilisations par rapport aux autres États membres en ramenant les quantités utilisées à l’hectare. Elle dénonce en revanche les mesures punitives du CEPP, Certificat d’économie de produits phytosanitaires.
Les industriels ont toutefois déposé des sujets de fiches générant des points CEPP sur les thèmes des OAD et du biocontrôle. Eugénia Pommaret souligne les contours encore flous de la gouvernance : « Nous voulons être associés en région et au niveau national. La mise en place du nouveau plan doit être une opportunité pour réorganiser son suivi. » Pour l’heure aucun pilote n’est désigné.
Santé : « Information renforcée »
Le volet protection des utilisateurs est un axe fort de travail pour les industriels. Une affiche conçue avec des ONG comme Phyto-Victimes sur la prévention des risques lors de la manipulation et le stockage des produits va être proposée. Elle a déjà été pré-testée chez des agriculteurs. Elle explique les pictogrammes et indications figurant sur les étiquettes. Les industriels travaillent à l’amélioration de la lisibilité des notices, à l’information via un guide des bonnes pratiques et l’accompagnement réglementaire, à l’amélioration de l’ergonomie des emballages et équipement. Julien Durand-Réville, responsable santé à l’UIPP, prend pour exemple le projet européen dont l’objectif est d’éviter tout contact avec le produit en clipsant le bidon sur la cuve.
Enquête UIPP
92 % des agriculteurs sont formés aux bonnes pratiques
76 % des agriculteurs ont réduit leurs intrants
46 % de baisse de tonnages de substances actives entre 1999 et 2013
450 000 Certiphyto délivrés
17 % de baisse de tonnage de substances actives depuis Écophyto