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Un réseau s’organise pour adapter les forêts au réchauffement climatique

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«  Les forêts sont et seront soumises à des sécheresses plus fréquentes, longues et sévères. Selon les régions et les essences, la vitalité et la productivité des arbres seront affectées dans un futur proche ou plus lointain ». Telles sont les conclusions des travaux menés pendant cinq ans par des chercheurs de l’Inra et d’universités et présentés lors d’un colloque le 17 novembre à Paris. Mais des pistes sont aussi données pour gérer les forêts face à ce phénomène. Plus de fragilité, moins de rendements Parmi les symptômes provoqués par la sécheresse, les travaux montrent une plus forte fragilité des forêts face aux maladies et aux parasites, ainsi qu’une réduction de la croissance des arbres. Autres phénomènes observés : l’extension vers le nord de l’aire abritant des espèces méditerranéennes, comme le chêne vert, et une régression du pin sylvestre dans sa limite sud. « Certaines régions comme le Sud et le Sud-ouest seront touchées dès le futur proche (2050), mais la plupart des autres régions le seront dans un futur plus lointain (2100) », précisent les chercheurs, soulignant des divergences d’analyses pour le hêtre. Des appuis aux gestionnaires Ces travaux permettent aux chercheurs d’apporter aux gestionnaires des éléments pour accompagner dès aujourd’hui la gestion de crises sanitaires, notamment au travers de guides. Un réseau a été créé, le RMT Aforce, « Réseau Mixte Technologique » consacré à la production d’outils pour aider les gestionnaires à préparer les forêts au changement climatique. Son programme Dryade a abouti à la publication d’un guide de gestion des forêts en crise sanitaire qui s’adresse à l’ensemble des acteurs concernés. Un « Livre vert » a par ailleurs été élaboré dans le cadre du projet Climator à l’intention de l’ensemble des acteurs du monde agricole et forestier. Un chapitre est consacré à la forêt qui permet d’appréhender les impacts du changement climatique sur les surfaces boisées françaises et propose des pistes pour y faire face. S’il reste encore de nombreuses incertitudes, « ces résultats permettent aux gestionnaires d’innover dans leurs pratiques sylvicoles, ainsi que dans leur sélection d’essences ou de provenances de manière à trouver le bon compromis entre productivité et durabilité de systèmes pour lesquels l’eau risque de manquer », conclue l’Inra.

  • Des programmes et des financements
Avec l’aide de financements de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), des chercheurs de l’Inra, de plusieurs universités et de nombreux autres organismes, ont pu réaliser des observations, expérimentations et analyses sur des écosystèmes forestiers. Ces travaux ont été conduits dans le cadre de quatre projets : - Dryade, étude des cas de dépérissements consécutifs aux sécheresses des années 2003 à 2006 ; - Drought+, analyse de l’adaptation des écosystèmes méditerranéens à une réduction de la précipitation ; - Qdiv et Climator, étude des impacts futurs de différents scénarios climatiques régionalisés par les climatologues. Photo : G.P.