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Recul des conversions bio en 2022, l’Agence bio rassure et la Fnab s’alarme

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Les chiffres de la filière bio, pour 2022, ont été révélés le 1er juin 2023. Avec quelque 30 % de conversions en moins en 2022, par rapport à 2021, sa croissance ralentit sensiblement. Les chiffres confirment également la crise de la consommation des produits AB.

Loïc Guines, président de l’Agence bio. - © D.R.
Loïc Guines, président de l’Agence bio. - © D.R.

Le 1er juin 2023 à Bordeaux, l’Agence Bio présentait son panorama annuel des chiffres du secteur bio pour 2022. Loïc Guines, président de l’Agence bio, s’est voulu rassurant : « Le nombre de fermes en agriculture biologique a continué de progresser en 2022, explique t-il. Si le rythme est inférieur à celui de 2021, le solde est tout de même positif (+3,5 %) et permet de passer le cap des 60 000 fermes ». Dans le détail, la ferme France enregistre 5 330 nouveaux producteurs bio en 2022, contre 7 706 en 2021. En parallèle, 3 290 arrêts de certification biologique ont été constatés, contre 2 510 l’année précédente. Loïc Guines veut, là aussi, rassurer : « On parle beaucoup de déconversions, mais la moitié sont dues à des départs en retraite. Les reprises de fermes ne sont pas plus compliquées en bio qu’en conventionnel. »

Surfaces bio en hausse de 10 %

Les surfaces cultivées en bio, elles, progressent de 10 % en 2022, atteignant 2,4 millions d’hectares, auxquels s’ajoute 0,48 million d’hectares actuellement en conversion. Avec une petite subtilité, toutefois pour ces dernières, qui augmentent globalement de 4 % par rapport à 2021 si on compte les surfaces en première, deuxième et troisième année de conversion… mais en situant le focus sur les surfaces en première année, le recul est assez net (-40 %).

« Ralentissement sans précédent des conversions »

Le jour-même, la Fnab a réagi par communiqué à ces chiffres, avec une tonalité plus alarmiste. Le syndicat réclame « une mobilisation générale » face à un « ralentissement sans précédent des conversions ». La Fnab rappelle « que seul un soutien dans la durée de l’agriculture biologique, tant sur la demande que sur l’offre, permettrait de donner envie aux agriculteurs et agricultrices de franchir le cap de la conversion ». Concernant la demande, les chiffres marquent en effet une régression. Le marché du bio consommé à domicile, dont le secteur dépend lourdement (92 % des débouchés) se replie de 4,6 % au global. Le marché perd 600 millions d’euros, à 12 076 milliards d’euros en 2022. Le chiffre d’affaires des magasins bio baisse de 8,6 %, celui de la grande distribution de 4,6 %, les artisans de 2,9 %. En revanche le « bio de proximité » est en croissance de 3,9 %.

Quelques jours avant l’annonce de ces chiffres, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, avait annoncé les contours de son plan de soutien au bio, représentant 200 M€ sous différentes formes, agissant à la fois sur le secteur, et sur la stimulation de la consommation.

Charlotte Casteran