Le ministère dévoile un plan de soutien de 200 M€ pour le bio
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Pressé d’agir pour soutenir la filière bio depuis plusieurs mois, Marc Fesneau a rendu sa copie ce 17 mai 2023, dans l’Oise. Le plan de soutien qu’il a révélé se veut à la fois utile pour répondre à l’urgence, et pour pérenniser l’avenir du label AB en France. Sur les 200 millions d’euros annoncés, un tiers correspond à des aides directes.
En déplacement dans l’Oise, ce 17 mai 2023, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau a présenté les contours d’un plan d’aide spécifiquement déployé pour les filières bio. Il a particulièrement insisté sur le caractère à la fois « structurel et conjoncturel » des mesures déployées : « L’idée est de voir au-delà de l’urgence, et de construire un contexte pérenne, avait-il déjà précisé lorsqu’il avait indiqué travailler sur ce dispositif, le 11 mai dernier, face aux députés.
La commande publique comme premier levier
« Ce plan mobilise près de 200 millions d’euros, sous différentes formes », précise-t-on au ministère de l’Agriculture. Sur ce total, 60 % correspondent en fait à l’application d’une mesure de la loi egalim sur laquelle la France a pris du retard (1) : l’obligation, pour la restauration collective publique, de s’approvisionner à 20 % en produits biologiques. Le ministre affirme que l’ensemble des services de l’État seront à jour d’ici à la fin de l’année 2023. « Cela représente, chaque année, un débouché estimé à 120 millions d’euros, estiment les services du ministère. C’est surtout un débouché pérenne, structurant pour les filières. »
Dans le même ordre d’idée, la distribution de fruits et légumes dans les écoles, programmée chaque année par l’Union européenne, est ciblée. Pour l’année scolaire 2022/23, par exemple, la France a bénéficié d’un budget de plus de 16 M€. Désormais, la part belle sera réservée au bio dans ce cadre.
60 M€ pour un soutien direct aux agriculteurs bio
Par ailleurs, une enveloppe de 60 M€ est prévue pour une aide plus directe aux agriculteurs. Si le système de répartition de cette somme est encore à peaufiner, les arbitrages seront rendus après une concertation de la profession, et sur des critères plus « nationaux » que ceux qui avaient été retenus pour l’aide d’urgence de 10 M€ annoncée au SIA. Pour cette dernière, actuellement en cours d’octroi, c’était les régions qui avaient la main sur les exploitations à prioriser, selon une appréciation « locale ».
Pour dynamiser la consommation de bio, Marc Fesneau a également promis une rallonge de 500 000 € pour financer la campagne de communication #Bioréflexe, déjà abondée de 750 000 €, et qui devrait être lancée « dans les prochains jours », selon le ministère. Un programme de communication « massif » est prévu, en outre, doté d’un budget de 3 M€ issus de France 2023.
La grande distribution dans le viseur
D’autres pistes pourraient être suivies dans les mois à venir. Le ministère fait par exemple savoir que l’évolution du conseil d’administration de l’Agence bio va se poursuivre, avec pour objectif d’y intégrer davantage d’interprofessions, et donc renforcer le lien avec l’ensemble des filières de production bio. La grande distribution est également dans le viseur, et notamment ses marges sur le bio, supérieures au conventionnel, qui contribuent à limiter l’accès au bio. Le ministère ne précise toutefois pas comment il compte influer sur cette tendance.
Enfin, l’enveloppe réservée aux conversions pour 2023, soit 340 M€, devrait ne pas être intégralement utilisée, faute de candidats. En cas de reliquat, l’hypothèse de les réaffecter à la filière bio en 2024, comme demandé par la Fnab, est évoquée.
(1) Cet objectif était initialement à atteindre pour le 1er janvier 2022.