Résidus de produits chimiques dans l’alimentation : une étude de référence
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Sur les 445 substances recherchées dans la très conséquente étude nationale de surveillance des expositions alimentaires aux substances chimiques (ETA 2 - 2006-2010), 283 étaient des pesticides.
Au final, quatre années et 250 000 analyses plus tard, une douzaine de substances présente un risque qui ne peut pas être écarté pour certains de groupes de consommateurs, dont un pesticide, le diméthoate. Les résultats, présentés le 29 juin par l’Anses (1), constituent la « photographie la plus large de l’exposition alimentaire de la population jamais réalisée », selon les propos de Marc Mortureux, directeur général de l’Anses, pour qui l’étude « confirme le bon niveau de maîtrise des risques sanitaires associés à la présence de contaminants chimiques, tout en pointant des risques sur certaines substances ».
Catherine Deger
(1) Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail.
Sur la douzaine de substances pointées figure une forte proportion de composés inorganiques : cadmium, arsenic organique, aluminium et méthylmercure. Dans le cas du cadmium, les céréales et produits à base de céréales sont contributeurs à hauteur de 35 % de l’exposition, les pommes de terre à hauteur de 12 %, le solde étant lié à sa présence dans l’eau, le sol, l’air. En face de chaque résultat, l’Anses avance des recommandations, qui vont pour le cadmium dans le sens d’une baisse du seuil admis dans les céréales.
Autre exemple : celui du déoxynivalénol, l’une des douze mycotoxines étudiées. Sa présence est pour 60 % due au pain, 10 % aux pâtisseries et gâteaux, 8 % aux pâtes et 22 % aux autres aliments. Moins de 1 % des adultes et 5 % des enfants dépassent potentiellement la valeur toxicologique de référence, ou VTR. Quatre autres mycotoxines (ochratoxine B, diacétoxyscirpénol, fusarénone et monoacétoxyscirpénol) ne sont pas évaluables car ne disposent pas de VTR opposable. L’Anses recommande l’établissement de références.
Troisième et dernier exemple : le diméthoate, un insecticide. Il a été détecté à des normes dépassant la VTR sur un peu plus de 1 % de la population, ce dans le cas d’école d’une consommation d’un kilo de cerise par semaine tout au long de l’année. Sur 283 pesticides recherchés, 210 n’ont pas été détectés, 73 ont été décelées dans moins de 1 % des analyses. L’étude viendra étayer la révision en cours au niveau européen des limites maximales de résidus.
Méthodologie
''Partant de l’analyse des comportements d’achats, de préparation et de consommation alimentaire des Français, l’étude s’est basée sur une sélection d’aliments « tels que consommés », représentatifs de 90 % de la consommation.
20 000 produits alimentaires ont ainsi été analysés pour détecter la présence de 445 substances chimiques, donnant naissance à une base de données de 250 000 résultats.''