Tech&Bio : derrière l’optimisme, la crise
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Les 20 et 21 septembre, les acteurs agricoles du Sud-Est ont répondu présents au salon Tech&Bio qui a lieu à Bourg-lès-Valence (26). Malgré la crise du secteur bio, les distributeurs présents se disent optimistes pour faire face aux débouchés limités.
La 9ème édition du salon Tech&Bio s’est tenue au lycée agricole du Valentin à Bourg-lès-Valence les 20 et 21 septembre. Le salon continue de s’étendre avec des distributeurs présents en nombre pour cette nouvelle édition. Un bémol toutefois sur le nombre de visiteurs qui semblait, comme en 2021 lors de la dernière édition, un peu faible aux dires des exposants rencontrés par Référence Agro. Les informations demandées différent aussi : « Habituellement, sur le salon, nous avons des questions sur la conversion, raconte Florence Béranger, technico-commerciale à la coopérative Valsoleil. Cette année, ce n’est pas vraiment le cas, nous devons plutôt rassurer les producteurs bio rencontrés. »
Pas de déconversions massives
Les acteurs agricoles font quand même place à l’optimisme en rappelant que les déconversions restent pour l’instant limitées. « Il y en a quelques unes mais elles concernent surtout des producteurs récemment convertis ou ayant connu des difficultés techniques en bio », explique Sophie Arsac, de la coopérative Oxyane. Même constat pour Jérôme Caillé, de la Coopération agricole : « Nous voyons que les entreprises les plus en difficulté sont celles entrées récemment sur le marché. Elles choisissent donc d’en ressortir. Mais la majorité des coopératives résistent, malgré la crise constatée. »
La filière bio s’adapte
« Chaque structure doit mesurer les risques en choisissant soit de conserver les stocks, soit de vendre en déclassant, ajoute Jérôme Caillé. Nous en voyons déjà certaines qui ne collectent plus de céréales issues de la deuxième année de conversion, c’est nouveau. Nous observons aussi des évolutions dans les contrats, notamment dans la filière meunière, où des critères de qualité s’ajoutent. Mais la crise du bio a un impact très différent selon les filières, il faut regarder au cas par cas. »
Agrial, « assurer la continuité de Natura’pro »
Agrial était présent sur le salon pour la première fois, suite à la fusion avec Natura’pro en mai. Des salariés ex-Natura’pro accompagnaient, sur le stand, Christophe Poirier, le directeur de la nouvelle région d’Agrial Alpes Sud, arrivé en juin dernier. « Nous sommes présents sur le salon pour assurer la continuité historique, précise-t-il. Nous sommes toujours en phase de découverte auprès des équipes et des magasins. Même si le bio est déjà présent dans les différentes gammes d’Agrial, il est très développé dans cette région. Nous allons faire de notre mieux pour répondre aux attentes des adhérents. »
Valsoleil, « des questions autour d’une possible déconversion »
Le stand de la coopérative Valsoleil (26) était bien plein en ce premier jour de salon. « Nous ressentons chez les producteurs beaucoup d’incertitudes sur l’aspect financier, explique Florence Béranger, technico-commerciale. Nous voyons quelques déconversions mais l’inquiétude porte plutôt sur de nombreux exploitants qui hésitent à se déconvertir l’année prochaine si aucune visibilité sur la fin de la crise ne se dessine. Or, il est rare qu’une situation se débloque en quelques mois… Mon travail est d’aller voir ce qu’il y a de nouveau dans les cultures, dans les techniques de travail, les marchés de niche pour apporter des solutions à nos clients. » Une analyse validée par Anthony Billon, technico-commercial : « Sur le terrain, la technique bio a toujours son intérêt même si le nombre de certifications en bio commence à s’essouffler. Certains producteurs ayant des terres en bio et en conventionnel se posent la question de renouveler la certification l’année prochaine en raison du manque de débouchés. »
Perret, « faire du cas pas cas pour accompagner au mieux les adhérents »
Le groupe Perret (26) a misé cette année sur le volet technologique en mettant en démonstration de nouveaux outils pour les filières viticoles et arboricoles. « C’est un salon que nous apprécions beaucoup car c’est l’occasion de présenter des innovations, explique Sylvie Reboul, responsable communication du groupe. Face aux difficultés de certains producteurs bio, nous faisons du cas par cas pour les accompagner au mieux. Mais sur certaines questions comme la RPD, nous ne pouvons pas faire grand-chose. Nos biosolutions sont destinées autant aux producteurs en conventionnel qu’aux producteurs bio alors nous ne voyons pas encore d’impacts particuliers. »
Oxyane, « sur certaines productions, le marché est saturé »
« Des déclassements ont eu lieu dans plusieurs secteurs pour le blé bio. Cela nous a permis d’évacuer nos stocks, y compris des fins de la récolte 2022, explique Sophie Arsac, référente bio pour la coopérative Oxyane. Le prix était plus bas que prévu mais nous ne nous en sortons pas trop mal. En revanche, nous avons des interrogations sur les débouchés pour le colza, le tournesol et l’orge fourragère de la récolte 2023. Pour 2024, certains contrats ne seront peut-être pas renouvelés, c’est le cas du petit épeautre IGP et du blé dur bio. Alors même que nous avons de petits volumes, le marché est saturé sur certaines productions. Pour l’instant, nous enregistrons toutefois peu de déconversions. »