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Tendance engrais - Campagne à haut risque

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Le marché reste dominé par la faiblesse de l’offre, autant en production européenne qu’à l’importation. Les cours, fermement orientés, ne dissuadent pas la demande en grandes cultures. Bien au contraire !

« Ce n’est pas du commerce que nous faisons ! ». Cette exclamation d’un acheteur reflète assez bien l’état d’esprit actuel de la distribution. « Dès qu’il y a de la marchandise, les agriculteurs s’en saisissent. Ils ont avancé leurs achats en azotés de près de deux mois », poursuit-il. Le commentaire vaut surtout pour les grandes cultures. En région à dominante élevage, la demande est calme : soit les éleveurs se sont couverts cet été, soit ils n’ont pas la trésorerie pour s’approvisionner. Côté distribution, l’ambiance est tendue sur une double problématique : disponibilité des marchandises et risque prix. Catherine Deger

L’ammonitrate arrive au compte goutte, la fermeture pour grand nettoyage de l’usine Yara d’Ambès (bien qu’annoncée de longue date) suffisant à déstabiliser le marché. Est-ce le signe d’un déficit structurel de l’offre européenne ? « Non ! », répond un fournisseur, qui estime que le déséquilibre actuel devrait s’atténuer dès le mois de février. A l’inverse, un acheteur régional considère que « pour la première fois en Europe, on sent qu’il n’y aura pas assez d’ammonitrate en février », et regrette amèrement que « les disponibilités ne soient données que de mois en mois ». Difficile, dès lors, pour les distributeurs de jouer leur rôle de lissage de l’offre entre fabricants et utilisateurs.

Autre phénomène marquant de cette campagne : la différence considérable qui existe entre l’offre de GPN et celle de Yara. Il n’y a plus un prix marché, mais bien deux approches quasi opposées. Celle du leader mondial, Yara, qui joue la transparence des prix, en les annonçant et en s’y tenant, dans un contexte réel ou supposé de pénurie ; celle de GPN qui entend maintenir, bien que sur des volumes réduits, une stratégie de prix et volumes connus deux mois à l’avance. L’écart de prix entre GPN (le bas de la fourchette) et Yara (sur le haut) n’a jamais été aussi important. Un acheteur du Centre-Ouest s’étonne de cette situation et dénonce au passage le blocage des importations d’urée russes, non compétitives pour cause de taxe anti-dumping.

L’autre grande inquiétude est très claire : voir les prix des céréales se replier en cours de campagne, et avec eux, ceux des engrais. Avec en corolaire, le risque d’une dépréciation des stocks. En clair, une campagne 2010-2011 à haut risque, où les cartes ne sont décidément pas entre les mains des distributeurs.

Les cotations au 28 septembre 2010, prix en euros par tonne pour des quantités importantes, stade distribution. Euro à 1,3497 dollar (entre parenthèses, cours au 26 août).

Solutions azotées : départ port, sur Rouen, septembre, 200-205 (210) ; octobre, 205-208.

Ammonitrates : vrac franco magasin de la distribution, 33,5 %, septembre, 223-270 ( 240-250) ; 27 %, 180-245 ; octobre, 250 à 300 selon les fournisseurs.

Urée : granulés, VDB ports Atlantique, septembre, 310-325 (298) ; octobre, 325-330.

Phosphatés : vrac départ ports, TSP, septembre, 390-400 (peu d’offre) ; DAP, septembre, octobre, 455-460 (445).

Potasse : VDB port de l’Ouest, septembre, 315 (317-320) ; franco camion de la distribution, autour de 325.

Engrais composés : vrac franco magasin, sur septembre, PK base 25/25, 365-375 ; ternaires base 3 x 15, 350-360 (340) ; octobre, 370-380.