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Une cartographie souligne les inégalités des régions viticoles face au changement climatique

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Dans une étude publiée le 26 mars dans la revue Nature Reviews Earth and Environment, plusieurs partenaires dont Inrae et le CNRS dessinent les contours d’une cartographie mondiale de l’évolution de la viticulture face au changement climatique. Alors que de nombreuses régions risquent de perdre leur potentiel de production, d’autres, comme le nord de la France, pourraient voir ce potentiel s’améliorer.

Une cartographie souligne les inégalités des régions viticoles face au changement climatique
Une cartographie souligne les inégalités des régions viticoles face au changement climatique

« 90 % des régions côtières et de basses altitudes du sud de l’Europe et de la Californie vont perdre leur aptitude à produire du vin de qualité à des rendements économiquement soutenables d’ici à la fin du siècle », affirme un communiqué de presse d’Inrae, en date du 26 mars 2024, à l’occasion de la publication d'une étude collaborative de l’institut avec le CNRS, les universités de Bourgogne et de Bordeaux, et Bordeaux sciences agro, dans la revue Nature Reviews Earth and Environment. Les travaux présentent  une cartographie mondiale de l’évolution mondiale des régions viticoles face au changement climatique. Cette dernière a été établie à l’aide de « l’analyse des conséquences des températures, précipitations, de l’humidité, du rayonnement et de la teneur en CO2 ainsi que de stratégies d’adaptation possibles ». Selon l’étude, les régions viticoles traditionnelles des régions côtières et des plaines verront leurs productions en difficulté, en raison « des sécheresses excessives et des vagues de chaleur plus fréquentes ».

De nouvelles régions productrices

D’autres régions pourraient néanmoins bénéficier de ces évolutions climatiques. « L’augmentation des températures pourrait améliorer l’aptitude des régions comme le nord de la France ou encore la Colombie Britannique au Canada pour la production de vins de qualité », estime Inrae. L’institut ajoute que de nouvelles régions de productions pourraient apparaître en Europe, notamment au Danemark, en Belgique ou encore aux Pays-Bas. « Certains producteurs situés dans les latitudes les plus élevées pourraient bénéficier de la hausse des températures en augmentant leur rendement et leur qualité de vin », précise l’institut.

Le seuil des deux degrés Celsius

« L’étude confirme le seuil clé de deux degrés Celsius de réchauffement mondial du climat au-delà duquel des modifications majeures sont envisagées pour ce secteur à l’échelle mondiale », indique l’Inrae. L’étude rappelle également que l’émergence de nouvelles maladies et ravageurs ainsi que l’augmentation de la fréquence des événements extrêmes représentent de nouveaux défis pour le secteur. « Les exploitations peuvent s’adapter jusqu’à un niveau global ne dépassant pas les deux degrés Celsius par exemple avec des couples cépages/porte-greffe plus résistant à la sécheresse », précise l’étude. Des recherches sont également menées au niveau génétique pour faire face au stress hydrique.

L’institut évoque par ailleurs les conséquences déjà visibles du réchauffement climatique, avec  des vendanges « débutant deux à trois semaines plus tôt qu’il y a 40 ans ». Pour rappel, l’augmentation des températures peut modifier le goût avec une perte d’acidité des raisins mais peut également augmenter le degré d’alcool présent dans les vins.

Solène Gueguen