Climat, les recherches génétiques sur la vigne avancent
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Pour faire face au changement climatique, à la sécheresse et aux maladies fongiques de la vigne, l’Inrae de Montpellier inaugure un dispositif expérimental testant 279 variétés au Domaine de Pech Rouge dans l’Aude. Objectif : approfondir les connaissances sur la génétique et compléter l’offre variétale dans les zones en déficit hydrique.
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Laurent Torregrosa : « La vigne possède une très grande diversité génétique. On cherche à exploiter ce patrimoine végétal pour des nouvelles variétés plus résistantes. » Photo : José Martinez Teruel[/caption]
L’Unité expérimentale de Pech Rouge de l’Inrae, à Gruissan dans l’Aude s’étend sur 170 hectares et comprend une unité de vinification et des laboratoires d’analyses. « Ici, les travaux de recherche portent sur l’acquisition des connaissances et le développement des innovations en lien avec les défis de la filière vitivinicole, en particulier l’adaptation de la vigne au changement climatique et à la sécheresse, la lutte contre les maladies fongiques et la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires », a expliqué Hernan Ojeda, ancien directeur du Domaine de Pech Rouge et ingénieur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’alimentation et l’environnement (Inrae) de Montpellier, au cours d’une journée sur la réduction des intrants de la vigne et l’adaptation au changement climatique organisée à l’Unité expérimentale de Gruissan, le 12 mars.
L’occasion pour le Domaine de Pech Rouge d’inaugurer une parcelle d’un hectare avec 279 variétés de vigne. Objectif : « comprendre les mécanismes de la vigne à l’adaptation au changement climatique, identifier de nouvelles variétés plus résistantes à sécheresse dans la région, approfondir les connaissances sur la génétique et compléter l’offre variétale dans les zones en déficit hydrique », soulignent les chercheurs de l’Inrae de Montpellier.
Cépages du futur
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Hernan Ojeda : « On doit changer de variétés face au changement climatique. Sinon, on ne s’en sortira pas. » Photo : José Martinez Teruel[/caption]
Cette parcelle expérimentale va permettre d’évaluer le matériel végétal à des niveaux différents de conditions de sécheresse ou de nutrition. « Une fois greffées, les plantes seront menées dans des itinéraires culturaux classiques afin d’apprécier l’impact de la sécheresse sur la productivité et la qualité des vins », a déclaré Bruno Blondin, directeur de l’Institut des hautes études de la vigne et du vin à l’Institut Agro de Montpellier et responsable de la KIM (Key Initiative Muse*).
Les chercheurs de l’Inrae souhaitent notamment travailler sur les espèces de Vitis américaines et asiatiques afin d’exploiter « la grande diversité génétique de la vigne et d’introduire les gènes intéressants dans l’espèce Vitis vinifera, qui est la plus cultivée en France et dans le monde », a complété Laurent Torregrosa, professeur de biologie et de génétique à l’Institut Agro de Montpellier.
À travers les croisements de la vigne, ce sont bien les caractères et les aptitudes agronomiques et œnologiques intéressants pour les variétés de vigne de demain qui sont recherchés. Ce processus suscite un réel engouement dans la profession et est plein d’espoir pour la viticulture du futur.
José Martinez Teruel
* Muse : le projet Muse « Montpellier université d’excellence » fédère une communauté scientifique, institutionnelle et économique pour répondre à trois défis majeurs et interdépendants : Nourrir, Soigner, Protéger.
- Pour faire face à la sécheresse
Financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR), l’Inrae, l’Institut Agro de Montpellier et la région Occitanie, le programme de recherche ANR G2WAS (2019-2024), s’est fixé comme objectif de comprendre les bases de la réponse de la vigne à des contraintes hydriques et de rechercher des caractères intéressants face à la hausse des températures et à la sécheresse. Notamment à travers une approche de génétique d’association (GWAS) pour identifier les gènes d’intérêt. Les travaux de recherche se fondent sur le matériel végétal issu du conservatoire de ressources génétiques de la vigne du Domaine de Vassal à Marseillan-Plage dans l’Hérault. J.-M.T.
- Les cépages du bordelais aussi à l’épreuve du changement climatique
Une autre expérimentation est aussi menée par l’Inrae de Bordeaux (Unité de Villenave d’Ornon) depuis 2003 avec les programmes VitiAdapt et GrefAdapt. Elle porte sur l’observation du comportement de 52 cépages dont neuf de la région face à la sécheresse et à la hausse de température. A.-D.