Référence agro

Valorisation des drêches de tomate, première année « plein pot » pour la CAPL

Le

Présent à une table ronde organisée le 11 mars 2024 par La Coopération Agricole sur le thème de la bioéconomie, Patrice Florentin, directeur général de la coopérative agricole Provence-Languedoc (CAPL) est revenu sur l’avancement du projet de valorisation des drêches de tomate. Ce dernier, en phase de production industrielle à partir de 2024, cherche déjà d’autres moyens pour diversifier les revenus des agriculteurs.

Présent à une table ronde organisée le 11 mars 2024 par La Coopération Agricole sur le thème de la b - © D.R.
Présent à une table ronde organisée le 11 mars 2024 par La Coopération Agricole sur le thème de la b - © D.R.

« En tant que coopérative, ce que nous cherchons, c’est le meilleur revenu pour les agriculteurs et la meilleure valeur ajoutée pour leurs productions. » Ce double objectif a conduit la coopérative agricole Provence-Languedoc (CAPL) et son directeur général Patrice Florentin à créer, en 2021, une joint-venture avec le laboratoire de recherche Inaturals pour valoriser ses drêches de tomate. « Le monde de la tomate est cyclique et nous cherchions des sources de revenu complémentaire à la production de concentré », détaille le dirigeant lors d’une table ronde organisée le 11 mars 2024 par La coopération agricole. La SAS Phénix en Province voit le jour et prend ses quartiers dans une nouvelle usine de production, implantée sur le site du Panier Provençal, à Tarascon (Bouches-du-Rhône). 

« Beaucoup d’actions positives » avec les acteurs de la cosmétique

L’infrastructure flambant neuve, qui a nécessité pas moins de 2,5 millions d’euros d’investissement, permet de valoriser chaque élément des résidus de tomate. « Nous séparons le grain de la peau : le premier est transformé en huile et, de la seconde, nous extrayons la cire, qui présente les mêmes bienfaits que la tomate classique, notamment contre les rougeurs », détaille Patrice Florentin. De fait, les principes actifs obtenus se destinent à la cosmétique : la tonne d’huile produite en 2023 a d’ailleurs été vendue à un unique client, Aroma Zone, spécialisé dans le do it yourself. La cire, quant à elle, est d’ores et déjà référencée chez Shiseido. « Nous avons beaucoup d’actions positives chez la plupart des acteurs de la cosmétique, mais ce sont des procédés très longs », soupire le directeur général. 

Des pistes de recherche sur d’autres cultures

Mais les premiers résultats, après une période d’installation puis de préproduction, sont surtout attendus du côté des cultivateurs. En 2024, pour la première année de production industrielle « plein pot », la drêche de tomate sera achetée « au prix de la tomate fraîche ». « La drêche représente 2,5 % du poids de la tomate d’origine, cela permet déjà d’apprécier 2,5 % de plus-value sur l’usine », se satisfait Patrice Florentin. Après amortissement des investissements de la coopérative pour sa nouvelle infrastructure de production, ces revenus supplémentaires seront redistribués auprès des agriculteurs, qui bénéficient d’ores et déjà d’un prix d’achat de leurs cultures à la hausse. « Quand nous avons repris l’usine (en 2019, N.D.L.R.), nous payions 75 € la tonne de tomate, l’année dernière nous l’avons payée 140 €  », souligne ainsi Patrice Florentin.

Faute de production à grande échelle, l’usine consacrée au recyclage des drêches de tomate ne tourne, pour l’heure, que 70 jours par an. Si bien que la CAPL est déjà en recherche d’autres déchets à se mettre sous la dent. Les pistes concernent la pomme, avec « l’enjeu d’évacuation des surplus » et surtout la vigne, afin « d’éviter au maximum l’arrachage ». « Un test grandeur nature est prévu sur les vendanges de cette année », annonce le directeur de la CAPL.