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Zéro traitement ou 100 % biocontrôle, le projet Tenor étudie les deux modalités

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Lauréat du premier volet de l’appel à projets national Ecophyto 2020-2021, le projet Tenor, porté par la Station expérimentale d’Auray de la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne, vise à étudier deux systèmes de cultures : le zéro traitement et le 100 % biocontrôle. Efficacité, temps, rendement, tout est passé au crible. Le projet Tenor espère trouver des réponses d’ici 2024.

Zéro traitement ou 100 % biocontrôle, le projet Tenor étudie les deux modalités
Zéro traitement ou 100 % biocontrôle, le projet Tenor étudie les deux modalités

Sur la station expérimentale d’Auray, le projet Tenor, lauréat du premier volet de l’appel à projets national Ecophyto 2020-2021, est lancé. Les premières cultures ont été plantées en avril. Doté d’une enveloppe de 140 000 euros, ce projet fait suite au projet Syst’M-Or, déjà en place sur la station. En effet, depuis 2018, la réduction de 50 à 100 % de l’utilisation des produits phytosanitaire ,sauf en cas d’ultime recours, en maraîchage, est travaillée sur le site.

Maximiser les données

Le projet Syst’M-Or rassemble une douzaine de cultures de plein champ, certaines en multiples séries. « Les conditions sont les plus proches possibles de celles d’un maraîcher ayant entre 2 et 50 hectares, assure Maet Le Lan, responsable de la station. Nous avons la même répartition, le même assolement. Nous voulions des conditions réelles. » Un témoin représentatif des pratiques d’un producteur en conventionnel est comparé à un système où la station actionnera un ensemble de leviers pour essayer de réduire l’usage des produits. Les sept* partenaires travaillent conjointement à la réussite du projet qui s’étale sur six ans.

De Syst-M’Or à Tenor

Mais Syst-M’or n’était pas parfait, deux modalités manquaient à l’appel. C’est dans ce cadre qu’est né le projet Tenor. En mobilisant la même équipe de partenaires, déjà investis dans un plan phytosanitaire, et le même assolement, deux systèmes ont été ajoutés aux travaux, qui dureront cette fois-ci trois années. « Nous pourrons mettre en corrélation les résultats des essais de Syst-M’Or et Tenor sur trois ans. Cela nous permettra d’optimiser les résultats », indique Maet Le Lan.

Gain de temps ou perte de rendement

La première modalité est sans appel : aucun traitement, ni solutions de biocontrôle, ni aucun produit autorisé en agriculture biologique ou chimique, même en ultime recours. « Il nous faudra gérer les adventices mécaniquement par exemple, explique Maet Le Lan. Ce témoin-là va nous permettre de nous rendre compte des seuils de nuisibilité de certaines maladies et ravageurs. On se rend compte parfois qu’entre actionner certains leviers, comme le binage ou les traitements, et ne rien faire, les conséquences sont moindres. Ou, a contrario, qu’une perte de rendement est inévitable. » L’idée est de comparer les modalités et de constater si le coût de la main-d’œuvre nécessaire pour actionner les leviers est supérieur ou non à la perte de rendement. « Si en ne faisant rien, cela nous coûte moins cher que la main d’œuvre, il faut se poser les bonnes questions », poursuit-elle.

Optimiser la technique sur le biocontrôle

Pour la deuxième modalité, l’objectif du projet est de permettre aux techniciens et producteurs d’acquérir des références technico-économiques sur un système maraîcher de plein champ « 100 % biocontrôle ». La responsable de la station souligne : « Avec douze cultures à traiter, avec des usages de type pucerons, adventices, mildiou, nous allons utiliser différents produits en combinés et il ne sera pas possible d’en tester l’efficacité individuellement. » Le système 100 % biocontrôle permettra-t-il de répondre aux enjeux de rendement, de qualité, et économiques ? Telles sont les questions auxquelles Maet le Lan souhaite répondre. « Avec les solutions de biocontrôle, il faut augmenter le nombre d’interventions au champ. C’est un des indicateurs que nous mesurerons, et c’est colossal », rappelle-t-elle.

D’ores et déjà, les premières conclusions du projet Syst-M’or sont claires. S’il est possible de réduire de 90 % l’utilisation des produits phytosanitaires en maraîchage, tout en maintenant de bons rendements, le temps de travail augmente de 20 %. « Dans une filière où la main d’œuvre est de plus en plus difficile à trouver, le 100 % biocontrôle, dont les produits ont un certain prix, peut-il absorber les charges supplémentaires avec la même efficacité sur les rendements ? », s’interroge-t-elle.

La station expérimentale d’Auray planche déjà sur un autre projet basé sur l’amélioration des conditions de travail.

* Les chambres d’agriculture du Loir-et-Cher, du Nord-Pas-de-Calais, des Pays-de-Loire, de Normandie, d’Île-de-France, et Inrae Occitanie-Montpellier.