Agroécologie

Ohé la terre, 500 000 euros par an pour la biodiversité agricole

Le | Projets de territoire

Ohé la terre est un fonds de dotation destiné à développer les pratiques en faveur de la biodiversité dans les exploitations agricoles en Vendée et dans les départements limitrophes, lancé en juin 2021. Après trois ans de fonctionnement, il rassemble 13 mécènes pour un budget s’élevant à 500 000 euros par an.

©Ohé la terre - © D.R.
©Ohé la terre - © D.R.

« Il faut prendre le dossier biodiversité à bras le corps avant que la réglementation n’impose des choses aux agriculteurs. L’agriculteur tire également profit de la biodiversité, qu’il faut donc préserver », assure Jean-Marie Gabillaud, président du fonds de dotation Ohé La Terre et ancien vice-président de la coopérative vendéenne Cavac à Référence agro.

Lancé en juin 2021, Ohé La Terre rassemble 13 mécènes, de secteurs d’activités très divers, autour de la préservation de la biodiversité dans les exploitations agricoles de Vendée et des départements limitrophes. Ohé la Terre pourrait se développer en Beauce, Anjou, Sud-Ouest. L’objectif de la démarche : faire travailler ensemble les acteurs d’un même territoire, sans opposer économie et environnement.

500 000 euros par an

« La prise en compte de la biodiversité n’est pas un frein à la rentabilité des exploitations agricoles mais plutôt une opportunité pour adapter ses itinéraires culturaux dans un contexte de dérèglement climatique, poursuit-il. Nous nous sommes posé la question des moyens pour accroître la biodiversité. Du coup, nous avons monté un fonds de dotation reconnu d’utilité publique. »

Ohé La Terre collecte en moyenne 500 000 euros par an. « C’est nous qui contactons les mécènes, reconnaît-il. Mais c’est beaucoup plus simple qu’au début de faire adhérer les structures ! »

L’argent finance ensuite des pratiques agricoles de préservation de la biodiversité. « Ohé la Terre a pris le parti du levier des territoires pour mener des actions en matière de biodiversité », indique le président d’Ohé la Terre.

Les actions sont décidées collectivement au sein d’un comité stratégique composé principalement des mécènes. « Cela nous permet d’écouter les attentes des responsables RSE des entreprises, qui ont des perceptions différentes des agriculteurs, et de sortir de notre microcosme agricole, poursuit Jean-Marie Gabillaud. Ils veulent des actions qui ont du sens et qui leur parlent. »

Préserver les haies

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Ohé la terre, 500 000 euros par an pour la biodiversité agricole - © D.R.
Ohé la terre, 500 000 euros par an pour la biodiversité agricole - © D.R.

Depuis la création de Ohé la Terre, plus de cinquante kilomètres de haies ont ainsi été plantés.[/caption]

Un des exemples majeurs est le focus important sur la préservation des haies, un sujet qui est plus facilement compréhensible pour le grand public. « Les deux-tiers de nos budgets vont vers cette action », reconnaît-il. Depuis la création de Ohé la Terre, plus de cinquante kilomètres de haies ont ainsi été plantés. Entre 7 à 8000 arbres de fruits à coques ont par ailleurs été implantés dans les parcours des élevages de volailles.

Moins connues du grand public, mais efficaces pour la biodiversité, d’autres techniques sont également promues dans les exploitations, comme la couverture des sols et la mise en place de zones végétales pour l’alimentation des pollinisateurs.

Semis direct après la moisson

Avec Jean-Luc Poisson, l’animateur du fonds, Ohé la terre teste aussi de nouvelles pratiques pour étudier leur impact sur la biodiversité. « Nous travaillons aussi le semis direct juste après la moisson sans destruction des chaumes afin d’accroître l’activité des sols », indique Jean-Marie Gabillaud. L’équipe travaille aussi la mise en place de couloir de biodiversité dans les parcelles, avec des bandes de trois mètres de large. « Les premiers résultats sont prometteurs », livre-t-il.

Ohé La Terre s’appuie également sur le cabinet Sofar, situé à la Roche-sur-Yon, pour la comptabilité et la redistribution des fonds. 400 agriculteurs ont bénéficié du programme depuis sa création.