« Des nouveaux profils qui interrogent notre accompagnement », R. Fontaine, Chambres d’agriculture
L’étude Agronovo, réalisée par l’École supérieure d’agriculture (ESA), met en lumière cinq grandes catégories de nouveaux installés. Pour Romain Fontaine, responsable du service Hommes et entreprises à Chambres d’agriculture France, ces profils nécessitent un accompagnement ciblé afin de sécuriser leur installation et assurer la pérennité des exploitations.

« Ces profils sont essentiels pour accompagner efficacement les agriculteurs dans la réussite de leurs projets. Du côté du réseau des Chambres d’Agriculture, cela nous permet d’organiser et de structurer notre conseil afin de répondre précisément à ces profils et à leurs besoins », indique Romain Fontaine, responsable du service Hommes et entreprises à Chambres d’agriculture France, lors de la présentation des résultats de l’étude Agronovo réalisée par l’École supérieure d’agriculture (ESA). Elle a mis en évidence cinq grandes catégories de nouveaux installés : les « héritiers bien préparés » représentant 34,4 % des nouveaux installés, les « héritiers sans vocation » (22 %), les « classes populaires hors cadre » (16 %), les « reconvertis des classes moyennes » (20 %) et les « reconvertis des classes supérieures » (8 %).
« Nous avons mené de nombreuses enquêtes qualitatives, mais grâce aux données quantitatives, nous pouvons désormais mieux identifier ces profils et nous interroger sur la pertinence de notre accompagnement afin d’assurer le renouvellement des générations », poursuit Romain Fontaine.
Héritiers bien préparés, une installation parfois trop rapide
Certains publics sont bien connus des chambres d’agriculture, comme les « héritiers bien préparés ». « Toutefois, un point de vigilance s’impose : certains s’installent trop tôt, avant d’avoir acquis les compétences et le savoir-faire nécessaires à la gestion d’une exploitation agricole. D’autres profils consacrent davantage de temps à leurs études, ce qui est souvent un gage de stabilité et de pérennité de l’activité », livre-t-il.
Les Nima manquent de réseaux, d’ancrage et de technique
Les Nima (Non issus du milieu agricole) sont arrivés en nombre il y a une dizaine d’années, un public avec lequel les chambres d’agriculture ont appris à travailler. « Les personnes en reconversion issues des classes moyennes constituent une grande catégorie de porteurs de projets : elles incarnent en quelque sorte la relève, mais elles nécessitent un accompagnement spécifique pour monter en compétences sur trois axes : elles ne disposent pas forcément d’un réseau, ni d’un ancrage local, ni des compétences techniques. Il est donc impératif de les former, de leur ouvrir des réseaux et de les accompagner techniquement », poursuit Romain Fontaine.
Classes populaires rurales, la relève
Une surprise concerne la présence assez forte de personnes issues des classes populaires rurales.
« Les transmissions d’exploitations peuvent donc se faire localement, ce qui permet de préserver la dynamique des territoires ruraux. Ces publics bénéficient d’un fort ancrage territorial et d’un réseau, mais manquent souvent des ressources financières nécessaires pour s’installer. Il est essentiel de mettre en place des dispositifs permettant de les accompagner dans l’accès à l’agriculture », indique-t-il.
Accompagner les « héritiers sans vocation » dans leur projet agricole
Les « héritiers sans vocation » constituent également un profil méconnu et surprenant. Il s’agit de personnes dont les parents, souvent âgés de plus de 60 ans, arrivent en fin de carrière sans avoir réellement préparé la transmission de leur exploitation. Ces agriculteurs peinent à prendre leur retraite faute d’objectifs clairs en matière de transmission. « Leurs enfants, souvent âgés de 40 ou 50 ans, héritent alors d’une exploitation agricole sans y avoir été véritablement préparés. Ces profils nécessitent un accompagnement spécifique pour définir un projet agricole viable et cohérent avec leurs aspirations », indique Romain Fontaine.