ChatCoop : « Nous sommes dans une optique de codéveloppement », Florent Varin, LCA Solutions +
De plus en plus d’acteurs du monde agricole étudient l’intérêt de l’intelligence artificielle pour améliorer leurs performances, et celui des coopératives agricoles n’y fait pas exception. Depuis plus d’un an, LCA Solutions + travaille à la création d’un assistant IA permettant de répondre à des problématiques techniques en un temps record. Baptisé ChatCoop, ce nouvel outil devrait sortir, dans sa première version, au mois de mai 2025, explique Florent Varin, directeur de LCA Solutions + à Agro Matin.

Pourquoi LCA Solutions + s’est-il emparé de ce sujet de l’IA et quel intérêt présente votre assistant IA ChatCoop pour les coopératives ?
LCA Solutions + est une union de coopératives agricoles, qui a, dans ses gènes, l’enjeu de mutualisation de moyens. Nous avons décidé de développer ChatCoop, un assistant IA dédié aux métiers de La Coopération Agricole, par intérêt des coopératives agricoles sur des thématiques identifiées. Nous nous inscrivons dans ces assistants IA métiers qui sont en train de se mettre en place et génèrent des capacités de générer du contenu avec un positionnement visant à gagner en efficacité professionnelle dans son quotidien.
L’enjeu pour nous est de développer des assistants verticaux, qui permettent de bien répondre aux problématiques métiers.
L’enjeu pour nous est de développer des assistants verticaux, qui permettent de bien répondre aux problématiques métiers. Au-delà de cela, les demandes qui nous sont faites consistent à répondre à des enjeux réglementaires, aussi bien des enjeux RGPD, d'IAT, que de sauvegarde et de traitement des données. ChatCoop permettra du gain de temps sur l’efficacité professionnelle. Un certain nombre de tâches boring vont être confiées à cet assistant IA, qui va apporter des éléments de réponse plus précis, plus pertinents, préciser la relation avec nos adhérents. Les usages sont multiples : ils consistent aussi bien à apporter des réponses techniques très précises que travailler sur l’amélioration d’une démarche commerciale en ayant un coach virtuel.
Quels moyens humains sont dédiés au développement de ChatCoop ?
La chefferie projet se compose de deux personnes au sein de LCA Solutions + dédiées au développement de cet outil, en sachant que nous travaillons avec un réseau de prestataires pour des développeurs informatiques. Notre expertise se construit autour de la connaissance des métiers, il y a tout un travail de recherches de données propres aux métiers qui sera finalisé la semaine prochaine.
Quelles sont les premières thématiques qui vous sont remontées et sur la base desquelles vous avez travaillé ChatCoop ?
Les deux premières thématiques sur lesquelles nous avons décidé de travailler sont celles des saisonniers et des technico-commerciaux (TC). Sur les saisonniers, l’idée est venue d’un responsable d’Ocealia. La coopérative compte 500 saisonniers sur site tous les ans et voulait organiser une boucle WhatsApp pour ces 500 saisonniers afin de faire de l’échange de données. Il y a un double enjeu : celui d’être présent et celui de modération puisque, quand vous avez 500 personnes qui sont sur une boucle, ça peut partir très vite. Le responsable estimait qu’un assistant IA à mettre dans les mains des saisonniers pouvait être quelque chose de très positif.
Nous faisons remonter à travers ce projet un certain nombre de besoins et nous développons l’outil en fonction d’eux
Pour les TC, c’est la coopérative Ceresia qui nous a indiqué que, dans le cadre de l’évolution de leurs pratiques, ils avaient la nécessité de mettre en place ce type d’assistant pouvant générer du contenu à leur demande. Nous sommes vraiment dans une optique de codéveloppement, c’est-à-dire que nous avons proposé un certain nombre de formations sur ces sujets, nous faisons remonter à travers ce projet un certain nombre de besoins et nous développons l’outil en fonction d’eux. Du fait de notre fonctionnement vertical, nous demandons aux coopératives les intérêts qu’elles veulent creuser.
Comment s’est déroulé le développement de cet outil et quand sera-t-il opérationnel pour les équipes des coopératives ?
Ce sont des technologies finalement assez jeunes, puisqu’elles sont sorties il y a à peu près deux ans. Les équipes de LCA Solutions + ont pris très vite en main ce type de cette technologie. Nous avons vu le potentiel que cela pouvait représenter pour nos activités en termes de productivité et, dans notre posture d’union de coopérative agricole, nous nous sommes dit que cela serait assez intéressant, sur cette innovation de rupture, de pouvoir se positionner sur un sujet qui est resté encore à explorer.
Dans les missions de LCA Solutions +, il y a à explorer de nouveaux sujets et voir si une réponse mutualisée peut être apportée à notre secteur d’activité. C’est dans ce cadre que nous travaillons depuis un an et demi sur le sujet. Nous avions fait un premier POC avec Voiceflow, puis un deuxième pour concrétiser ce que cela pourrait apporter aux coopératives. Nous sommes actuellement dans le développement de la première version officielle, avec une sortie, pour la partie saisonniers, au mois de mai.
D’autres corps de métier pourraient-ils prochainement bénéficier des services de ChatCoop ?
Nous sommes aussi un organisme de formation donc nous connaissons aussi les besoins en lien avec l’utilisation de ces outils. Il y a effectivement un enjeu pour les saisonniers qui représentent une grande population avec, peut-être, une déclinaison à venir pour les agents silo, sachant que nous serons sur un chatbot vocal, c’est-à-dire un chatbot qui comprend et répond à la voix, combinant reconnaissance vocale et traitement du langage naturel. En plus de ce public d’agents de silo, de saisonniers et de TC, il y a le public de la communication qui souhaite avancer là-dessus. Il existe déjà des outils très spécialisés, mais nous nous laissons la possibilité d’aller sur ce marché.
Comment les coopératives ont-elles réagi à leurs premiers essais de cette technologie ?
Il y a un enjeu de déploiement de ces technologies. Dans toutes les innovations de rupture, il y a les early adopters, hyper intéressés : eux, il n’y a pas besoin de les convaincre. Il y a un environnement qui ne parle que de cela : ne pas répondre à cette attente serait passer à côté d’un enjeu majeur. Nous avons fait une enquête auprès d’une quarantaine de dirigeants de coopératives agricoles. Il en ressort que 50 % sont prêts à investir sur de l’IA générative, sur des assistants IA métiers, dans les 12 prochains mois.
Quels sont les facteurs de réticence ?
Il y a deux freins qui ressortent : un frein de coût et un frein sur la sécurité des données. Sur ce point, nous nous positionnons clairement en ayant fait le choix d’une IA souveraine, Mistral, et d’un hébergeur français. Pour le coût, nous sommes en train de le travailler, mais on va être sur ce qu’on connaît par ailleurs pour ce type d’outil, avec un abonnement annuel, des modèles souvent illimités. L’enjeu sera de le rendre le plus accessible possible aux coopératives coopératives agricoles.
Il reste quelques zones blanches mais, dans l’ensemble, cela tend à diminuer.
On peut être limité sur la connectivité, mais nous faisons le choix d’outils pas très puissants. Il reste quelques zones blanches mais, dans l’ensemble, cela tend à diminuer. On ne pourra pas l’utiliser partout mais dans 90 % de nos sites. L’outil n’est pas connecté au web, pour éviter une base de connaissance qui pourrait être polluée. Nous sommes sur le même type de mode de fonctionnement que ChatGPT, accessible en application ou sur Internet, sur le mode SaaS accessible assez facilement.
ChatCoop pourra-t-il, à l’avenir, être disponible pour des acteurs extérieurs à LCA ?
Notre première cible, et notre mission, est de travailler pour les coopératives. Il sera totalement possible de l’ouvrir à d’autres secteurs d’activité, tant que les besoins des coopératives sont satisfaits.
Concepts clés et définitions : #Coopératives