Agrotendances

« Nous devons fournir l’information carbone de nos aliments aux éleveurs », Sophie Thouenon, Sanders

Le | Stockage de carbone

La société de nutrition animale Sanders lance l’affichage de l’empreinte carbone des aliments en vrac pour ruminants. Sophie Thouenon, directrice du bio, du développement durable et des solutions « produire durable », explique comment cette initiative aide les éleveurs à répondre aux futures obligations environnementales et à démontrer la durabilité de leur production.

« Nous devons fournir l’information carbone de nos aliments aux éleveurs », Sophie Thouenon, Sanders
« Nous devons fournir l’information carbone de nos aliments aux éleveurs », Sophie Thouenon, Sanders

Depuis juin, la société Sanders affiche l’empreinte carbone des aliments en vrac pour les ruminants. D’où est née cette initiative ?

15 % des émissions de gaz à effet de serre en agriculture sont liées à l’élevage, et la moitié de ces émissions proviennent des ruminants. D’ici à 2025, les industriels devront afficher l’empreinte environnementale des produits alimentaires. Nous sommes concernés par le lait et la viande. Ces exigences impacteront les éleveurs. Or, le litre de lait français est plus vertueux qu’un litre de lait importé. Nous souhaitons donc afficher ces informations pour permettre aux éleveurs de mesurer et de prouver cet avantage. L’information sera intégrée sur l’étiquette sans surcoût. Nous la déterminons grâce à une analyse de cycle de vie.

Cette démarche se limite-t-elle à l’exploitation ?

89 % de l’empreinte carbone des aliments pour animaux provient des cultures, 7 % du transport des matières premières, 2 % du transport des aliments, et 1 % de la fabrication de l’aliment. Les pratiques agronomiques sont donc un point clé dans les stratégies de décarbonation, avec le travail du sol, le type d’engrais utilisé. En quantifiant ces éléments, nous nous inscrivons dans une dynamique de progrès. Mais c’est simplement une partie des solutions. D’autres mesures pour décarboner les élevages incluent l’utilisation d’outils d’aide à la décision pour une alimentation spécifique à chaque animal, l’allongement des carrières des animaux, l’âge au vêlage, etc. Par ailleurs, Sanders vise à réduire de 30 % les émissions de GES scopes 1 et 2 d’ici à 2030. Toutes les céréales utilisées chez Sanders sont d’origine française.

Où en êtes-vous actuellement de cet affichage ?

Le dispositif est opérationnel depuis début juin pour les ruminants. Les autres espèces animales suivront d’ici la fin de l’année. La décarbonation est une démarche très technique au démarrage. Nous avons déjà formé 300 techniciens, ce qui a nécessité du temps. Nous nous sommes appuyés sur le groupe technique de La Coopération Agricole et du SNIA, et notre méthode de calcul a été reconnue. Nous devions fournir l’information nutritionnelle sur nos aliments. Demain, ce seront les tonnes de CO2. Les éleveurs attendent réellement cette information.