Afterres pose les bases d’un développement agroécologique de la méthanisation
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Dans le cadre de l’université Afterres le 3 février, les conditions du développement durable de la méthanisation ont été mises en débat. L’acceptabilité sociétale, le modèle économique et une meilleure appréhension des impacts environnementaux ont été jugés essentiels.
Pour les scénarios Afterres, portés par Solagro et l’Iddri, la méthanisation est appelée à se standardiser dans les exploitations. « Elle dispose de nombreux bénéfices : production d’énergie, optimisation de la fertilisation, diversification des revenus dans un contexte de morosité économique, rappelle Jérémie Priarollo, responsable ingénierie méthanisation chez Solagro. Dans le programme MéthaLAE*, la valorisation du digestat a permis de réduire de 20 % les apports d’engrais. » Mais comment assurer un développement agroécologique de cette pratique ? Pour creuser cette question, un temps d’échange a été organisé le 3 février, dans le cadre de l’Université Afterres 2050.
Plusieurs thèmes de réflexion
Six thèmes de réflexion étaient proposés aux participants : les conditions de durabilité de la méthanisation, les liens avec l’élevage, son rôle pour les territoires et 'appropriation locale, sa place dans le scénario Afterres, les digestats (fertilisation pointue ou risque de pollution), et les Cive (levier de l’agroécologie ou hérésie environnementale). En ce qui concerne les conditions de la durabilité, trois enjeux sont ressortis des discussions : la gouvernance avec une nécessaire implication des agriculteurs et des acteurs du territoire pour éviter des récupérations extérieures, la mise en place d’un cadre économique favorable, une meilleure appréhension de l’impact environnemental.
Tris des biodéchets en 2024
Les porteurs des scénarios Afterres l’ont rappelé : l’ensemble des scénario prospectifs étudiés appelle à une réduction de l’élevage. Quid de la méthanisation dans ce contexte ? « La baisse des cheptels entraîne des quantités moins importantes d’effluents pour alimenter les unité. Cela peut être compensé par des Cive mais ce n’était pas le but initial », fait remarquer Marine Cordelier, chargée de mission chez Solagro. Les animaux devraient-ils par ailleurs passer davantage de temps en bâtiments, pour faciliter la récupération des effluents ? Une idée à contre-courant des attentes sociétales… « Le projet MéthaLAE, qui a suivi 46 exploitations, a montré que les animaux ne passaient pas plus de temps à l’intérieur après la mise en place d’une unité de méthanisation, indique Céline Laboubée, chargée de projets Bioénergies chez Solagro. L’essentiel est de dimensionner les projets en fonction des ressources mobilisables. » Les participants ont enfin insisté sur l’enjeu de l’acceptabilité de la filière et la mise en place d’analyses de l’impact long-terme sur les sols. Sans renier l’ampleur du défi, les participants ont conclu sur « l’opportunité de faire le lien entre villes et campagnes autour de la méthanisation », représentée par la loi économie circulaire qui rendra obligatoire en 2024 le tri des biodéchets.
*Projet Casdar mené entre 2015 et 2018 coordonné par Solagro