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Baisse de l’élevage, une tendance inéluctable selon les experts

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L’université Afterres2050, organisée par Solagro et l’Iddri, s’ouvre le 2 février. Les deux instituts ont analysé des scénarios prospectifs sur l’agriculture. La quasi-totalité préconise une réduction de l’élevage de ruminants. Une tendance à laquelle on ne pourrait pas échapper mais qui soulève de nombreuses questions. Explications.

Crédit photo : Chambre agriculture de Normandie - © D.R.
Crédit photo : Chambre agriculture de Normandie - © D.R.

Tous les scénarios prospectifs sur l’agriculture vont dans le même sens. L’élevage, notamment de ruminants, devra diminuer d’ici à 2030 ou 2050. « Nous devons y aller, et sans regret puisque c’est le sens des prospectives », insiste Pierre-Marie Aubert, coordinateur « initiative agriculture européenne » à l’Institut du développement durable et des relations internationales, Iddri. Avec Solagro, les structures ont réalisé une analyse comparée de 16 prospectives du système agricole et alimentaire menées à différentes échelles par différents types d’acteurs dans le monde. Elle sera rendue publique lors de l’Université Afterres2050 qui se déroulera du 2 au 4 février 2021. L’objectif est d’évaluer les réponses aux principaux enjeux : production agricole, alimentation, impact sur les ressources naturelles, biodiversité, climat, énergie, affectation des sols, etc… Mais aussi de fournir les clés de lecture et de compréhension comme l’intention stratégique, la nature des changements ou encore la robustesse pour faciliter une appropriation critique des propositions.

Des questions économiques et sociales

Tous les auteurs envisagent une baisse des protéines animales, notamment pour répondre à l’enjeu climatique. « Les scénarios qui n’iraient pas dans cette voie ne nous paraissent pas crédibles », insiste Pierre-Marie Aubert. Cette évolution ne va pas sans soulever des questions économique et sociale. « Pourtant, elles sont ignorées dans les études, indique-t-il. Or, les filières animales concentrent presque 40 % des emplois et de la valeur en agriculture. » Avec les difficultés économiques que connaît le secteur, une partie des éleveurs vont naturellement jeter l’éponge, estiment les auteurs des scénarios Afterres2050 et Tyfa. Reste la filière économique qui en découle. « Il faut discuter de la place de tous les acteurs », poursuit-il. Ce sera l’objet d’une table ronde de l’université Afterres2050 qui entend soulever toutes les controverses liées à ces projections.

Fertilisation, on peut se passer des vaches !

Un des exemples : comment pallier la baisse de matière organique ? « Nous entendons dire que, sans les animaux, les agriculteurs seraient obligés d’utiliser davantage d’engrais de synthèse, ajoute Madeleine Charru, déléguée aux partenariats à Solagro. Or, une des solutions est le développement des engrais verts. La vache n’est pas nécessaire. »

Biodiversité, la problématique du maintien des prairies

Autre problématique : le maintien des prairies, importantes pour la préservation de la biodiversité, suscite le débat. « Certaines, déjà délaissées, évoluent vers de la forêt, indique Marc Deconchat, président de Solagro. Nous assistons à une afforestation des prairies. Il faut faire attention à la vitesse de développement de ce phénomène. »

Par ailleurs, l’analyse comparée des prospectives montrent que la place des intrants et la préservation de la biodiversité est assez peu prise en compte. « Les hypothèses sur les rendements sont pauvrement décrits, indique Pierre-Marie Aubert. La question se pose sur ce que les agriculteurs vont faire en matière d’intrants. »