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Engrais, des solutions alternatives et d’optimisation

Le | Agrofournisseurs

Alors que les agriculteurs sont en plein apport de fertilisants dans les champs, les multiples crises font craindre de nouvelles hausses de prix, voire des pénuries. Référence agro fait le tour des leviers alternatifs ou d’optimisation existants.

Engrais, des solutions alternatives et d’optimisation
Engrais, des solutions alternatives et d’optimisation

La pandémie puis la guerre en Ukraine ont sérieusement ébranlé le monde des engrais. Alors que les tarifs des fertilisants, chimiques et organiques, atteignent des valeurs inédites, les disponibilités pour la campagne 2023 ne sont pas assurées. De nombreux OS sont préoccupés par la faible offre disponible, d’autant que certains fournisseurs freinent les ventes pour éviter les stocks incontrôlables. Des solutions existent cependant pour optimiser, voire réduire les apports en azote, et donc réduire la charge du poste engrais. Parmi elles : biostimulants, OAD ou agronomie.

Des biostimulants pour compenser la carence en azote

Plusieurs fabricants de biostimulants proposent des formules qui permettraient d’atténuer des carences en azote, en fonctionnant comme des légumineuses qui fixent l’azote de l’air. Par exemple, Gaïago a développé un probiotique à partir de la bactérie Azotobacter Sp. Le biostimulant compenserait « l’équivalent de 30 unités d’azote de synthèse à rendement égal » sur céréales, selon Gaïago. Symborg a confié à Corteva la distribution exclusive, en Europe, de la bactérie endophyte Methylobacterium symbioticum sb 23, qui transforme l’azote atmosphérique N2 en NH4+, la forme assimilable par la plante.

Unéal étudie cette piste depuis l’automne. « Les bactéries se fixent sur la racine de la céréale ou du maïs et peuvent faire gagner entre 100 et 150 kg d’ammonitrates à l’hectare, précise Denis Lepers, directeur appro en production végétale d’Unéal. Nous expérimentons aussi des urées foliaires aux coefficients huit fois supérieurs à l’apport d’azote. » Une technique qui s’utilise en fin de culture et permettrait d’économiser, selon les fabricants, entre 15 et 20 % d’ammonitrates. Le groupe Perret s’est, lui aussi, intéressé aux biostimulants en substitution des phosphates. « Ces techniques aident la plante à mieux utiliser des éléments, ou à mieux les stocker, mais ce n’est pas une solution miracle, reconnaît Laurent Largant, directeur d’Afaïa. S’il y a une situation de carence, les biostimulants ne créeront pas d’éléments nutritifs. »

Les engrais foliaires, une solution limitée selon Arvalis

Les engrais foliaires sont surtout reconnus pour leur absorption, considérée comme meilleure que celle des engrais solides, en temps sec. Pourtant, une étude d’Arvalis, publiée le 7 avril, met en garde contre la faible efficacité de ce type de produits, voire contre les risques induits par les engrais foliaires : brûlure des feuilles et teneurs inférieures en protéines.

Légumineuses et engrais organiques

Autre solution, effective sur le long terme : l’implantation de légumineuses en couvert végétal, qui permet d’absorber l’azote de l’air et de le restituer au sol. Le projet Graal, porté par Arvalis, a pour objectif de développer une agriculture sans intrants et sans travail de la terre, grâce à une couverture permanente de légumineuses en inter-rang. Autre exemple de symbiose : les champignons mycorhiziens, qui constituent un réseau souterrain autour des racines de plantes associées. Ce réseau permet un meilleur enracinement, explore le sol à la recherche de nutriments et d’eau, économisant à la plante associée de l’énergie, limite son stress abiotique et améliore la structure et l’aération du sol en formant de micro-agrégats.

OAD et optimisation des apports

Des outils d’aide à la décision existent, proposés par les instituts techniques et les firmes, pour accompagner l’agriculteur dans sa fertilisation : calcul de la dose d’azote nécessaire, avant ou pendant le cycle, en complément des reliquats azotés réalisés dans les parcelles à la sortie de l’hiver, ou outils de modulation intra-parcellaire.

Arvalis rappelle enfin qu’en cas de pénurie d’engrais, il convient d’optimiser les apports. Sur le site internet de l’Institut du végétal, il est indiqué : « afin de valoriser chaque kilogramme d’azote apporté, il faudra veiller à ne pas positionner d’apport pendant une journée avec des températures élevées et avec du vent, ou avant une période sèche, qui conduirait à des pertes par volatilisation ». 15 mm d’eau suffisent à apporter les engrais aux racines, et la pluie doit survenir dans les 15 jours suivant l’apport. L’utilisation d’ammonitrates plutôt que d’urée ou de solution azotée permet de réduire la volatilisation, et donc de réduire de 17 % la dose totale apportée. Le dernier apport est d’une importance capitale pour le taux de protéines, et Arvalis recommande de ne pas le réduire ni le supprimer, la pluviométrie étant généralement plus abondante en fin de printemps qu’en fin d’été.