Référence agro

Nicolas Broutin, Yara « 35 % des investissements de Yara sont en lien avec l’environnement »

Le | Agrofournisseurs

Dispositif de vigilance renforcé pour son site de Loire-Atlantique, développement d’une production de biostimulants, qualité de l’air, etc. Nicolas Broutin, président de Yara France, a confié à Référence agro les grandes orientations du groupe en ce qui concerne les questions environnementales.

Nicolas Broutin, Yara « 35 % des investissements de Yara sont en lien avec l’environnement »
Nicolas Broutin, Yara « 35 % des investissements de Yara sont en lien avec l’environnement »

Référence agro : Le 6 juillet, le ministère de la Transition écologique a lancé le dispositif de « vigilance renforcée », qui concerne notamment le site de Yara de Montoir de Bretagne. Que cela implique-t-il ?

Nicolas Broutin : L’objet de la vigilance renforcée, c’est d’être dans une dynamique de transparence plus forte vis-à-vis de la population, notamment des citoyens qui habitent autour des sites industriels. C’est un dispositif qui fait suite à l’incident de l’usine de Lubrizol. Chez Yara, nous discutons régulièrement, et depuis longtemps, avec l’administration. Le fait que l’usine de Montoir de Bretagne fasse partie des sites en « vigilance renforcée » n’est pas quelque chose d’irrationnel. Nous parlons d’une usine qui date des années 1970 et le ratio de ses pertes de nitrates par rapport à la production du site est inférieur à 0,0005, sa production totale d’azote étant de 200 000 tonnes. En considérant le débit de la Loire, cette quantité correspond à une cuillère à café dans une piscine olympique. Nous avons défini un calendrier de travaux qui est tombé dans la vigilance renforcée mais sur lequel nous avons déjà un accord avec la Direction générale de la prévention des risques (DGPR). L’échéance de fin 2022 va permettre à Montoir de Bretagne de devenir une des usines les plus performantes de France, sur le plan environnemental, toutes émissions confondues.

Comment comptez-vous arriver à un tel niveau de performance ?

Nous avons élaboré, grâce à un partenariat, un système de traitement des eaux à partir de microalgues, déjà été accepté par l’administration. Nous nous inscrivons dans une démarche d’économie circulaire : il s’agira de la plus grande unité de production de microalgues d’Europe pour filtrer les nitrates. Mais nous pourrons aussi les valoriser sur les marchés de la pharmacie, de la cosmétique, de la nutrition animale, et évidemment des biostimulants. Nous nous sommes lancés il y a quelques mois dans la commercialisation de nos premiers biostimulants, Biotryg, mais ils ne sont pas issus de microalgues. Pour ce projet, nous avons créé en 2020 une joint-venture, Planctonid Atlantic, avec Planctonid, une société espagnole qui a un savoir-faire sur les souches d’algues. Les résultats sont encourageants : le procédé parvient à réduire les niveaux de concentration d’azote de 97 % et de phosphore de 72 %.

Quels autres investissements menez-vous pour réduire votre empreinte carbone ?

Les investissements en lien avec la sécurité de l’environnement représentent 35 % des investissements totaux de Yara. Si l’usine de Montoir de Bretagne produit des émissions de nitrate, il s’agit de l’un des sites industriels les plus performants du point de vue des émissions de gaz à effet de serre. La production d’acide nitrique, indispensable pour les engrais minéraux, est particulièrement émettrice de protoxyde d’azote. Yara a développé une technologie de catalyse pour réduire les émissions de ses sites industriels de 99 %. D’ici à 2025, nous allons investir dix millions d’euros pour équiper notre usine proche de Bordeaux. Yara a aussi pour projet de produire de l’ammoniac vert, issu d’hydrogène par électricité renouvelable, ce qui nous permettrait de tendre à zéro émission. Nous avons trois projets qui seront finalisés entre 2023 et 2025 : un partenariat autour du photovoltaïque avec Engie en Australie, un projet d’éolien offshore en Hollande et un projet d’usine électrifiée grâce à l’énergie hydraulique en Norvège.

Quels impacts va avoir la Loi Climat et Résilience sur votre activité ?

Nous ne voyons pas cette initiative et cette loi comme un danger, mais comme une opportunité, car elle correspond à ce que nous proposons : optimiser la fertilisation pour améliorer l’efficacité de l’azote. Nous avons été les initiateurs des outils de pilotage il y a plusieurs dizaines d’années déjà. Sur le protoxyde d’azote, quel que soit l’engrais, organique ou minéral, il y a un phénomène de dénitrification, qui induit des émissions. La forme n’a pas d’impact mais les pratiques culturales, oui. Donc pour Yara c’est une opportunité. Nous continuerons également à développer des outils d’aide à la décision (OAD) et à investir dans le digital. Pour autant, l’engrais organique fait aussi partie de nos pistes de réflexion : nous sommes déjà engagés dans un partenariat stratégique international avec Veolia, de façon à entamer des discussions sur l’économie circulaire.

Pour en savoir plus sur les engrais, lisez notre dernier mag en ligne dédié à ce secteur