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Phyteis, « Nous voulons être le moteur de la transition agroécologique »

Le | Agrofournisseurs

Phyteis tenait, le 8 février 2024, sa conférence de presse annuelle pour rendre compte des résultats de ses adhérents sur l’exercice 2023. Actualité oblige, le règlement Sur et le plan Écophyto ont été abordés, Yves Picquet, président de Phyteis, soulignant la nécessité de changer de méthode. Et d’indicateur.

Phyteis a dévoilé, le 8 février 2024, les résultats de ses adhérents sur l’année 2023. Plusieurs poi - © D.R.
Phyteis a dévoilé, le 8 février 2024, les résultats de ses adhérents sur l’année 2023. Plusieurs poi - © D.R.

C’est l’heure du bilan de 2023 pour Phyteis, qui tenait, le jeudi 8 février 2024, sa conférence de presse annuelle. Ses 18 entreprises adhérentes, qui représentent 90 % du marché de la protection des cultures, ont réalisé, l’année passée, un chiffre d’affaires (CA) de 2,4 milliards d’euros en 2023 (- 5,2 % par rapport à 2022). Il repose à 46 % sur la vente d’herbicides, à 30 % sur celle de fongicides, à 9 % sur celle d’insecticides : « à peu de choses près, c’est la même répartition tous les ans », décrit Pierre-Yves Busschaert, responsable des affaires économiques. Les volumes de matières actives vendues aux distributeurs, qui se sont élevés à 64 898 tonnes en 2022, témoignent également d’une baisse « structurelle » depuis plus de vingt ans : - 17,4 % comparé à 2008, année de lancement du plan Écophyto, et même - 46 % si on remonte à 1999. La légère augmentation constatée en 2022 est imputable, selon Phyteis, à la hausse des ventes de matières actives utilisées en agriculture biologique. « 37 % des volumes sont utilisables en agriculture biologique », précise ainsi Pierre-Yves Busschaert. Les ventes de solutions de biocontrôle sont estimées à 82 M€ pour l’année 2023. Les biostimulants homologués MFSC (non compris dans le CA) ont rapporté pour leur part 28 M€. 

« Nous voulons être le moteur de la transition agroécologique […]. Nous le sommes car la protection des cultures est devenue plurielle : avant, elle se basait sur l’emploi d’un produit phytopharmaceutique pour essayer de résoudre un problème, maintenant on se base sur plusieurs piliers », rappelle le président Yves Picquet, citant le digital, la bioprotection et les biotechnologies comme méthodes complémentaires. « Nous sommes convaincus que le combinatoire est la solution pour diminuer l’impact de notre agriculture et assurer la transition agroécologique. Maintenant, il faut se le dire clairement : à l’heure actuelle, la phyto est là, et elle restera là. »

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Phyteis, « Nous voulons être le moteur de la transition agroécologique » - © D.R.
Phyteis, « Nous voulons être le moteur de la transition agroécologique » - © D.R.

L’équipe de Phyteis (de g. à d.) : Francis Legendre, directeur général par intérim ; Pierre-Yves Busschaert, responsable des affaires économiques ; Marie Rigouzzo, référente biotechnologies ; Yves Picquet, président ; Florence Doat-Matrot, responsable communication par intérim ; Charlotte Marrucho, responsable communication et stratégie digitale ; Julien Durand-Réville, responsable santé ; Philippe Michel, directeur des affaires réglementaires et juridiques ; Ronan Vigouroux, responsable environnement.[/caption]

 

Écophyto 2030, « Nous n’avons pas été invités à la table des discussions »

Mais plus que les chiffres 2023, la conférence de presse était l’occasion pour les dirigeants de Phyteis de rebondir sur la riche actualité du moment. En rappelant, d’abord, les quatre impératifs auxquels, selon l’organisation, doit répondre chaque nouvelle réglementation concernant les produits phytosanitaires : 

  • ne pas interdire de substances pour lesquelles aucune alternative efficace n’est disponible, et surtout, ne pas interdire au niveau national des molécules autorisées dans l’UE
  • intégrer dans les plans de transition le pas de temps incompressible de la R&D
  • favoriser l’émergence de nouveaux champs d’innovation et accompagner l’adoption d’alternatives efficaces
  • inclure l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur agricole aux discussions, dont le secteur de la protection des cultures

C’est sur ce dernier point que le bât blesse : « Nous n’avons clairement pas été invités à la table des discussions dans le cadre des derniers développements d’Écophyto, a notamment regretté Yves Picquet. Toute initiative qui s’oriente pour diminuer l’impact de la production agricole sur l’environnement est une excellente initiative ; par contre, au niveau de la méthode, nous ne sommes plus tout à fait d’accord ». Le constat est d’ailleurs le même pour le règlement Sur, récemment retiré par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. « Il se focalisait sur les moyens de production sans faire, à aucun moment, une étude d’impact […]. Ne pas prendre en compte l’objectif final, qui est la production, est une erreur fondamentale », estime Yves Picquet. Le plan Écophyto, « mis en pause » par le Premier ministre Gabriel Attal, « se focalisait sur les volumes, alors que les produits phytosanitaires sont homologués, s’étonne le président de Phyteis. La question est : a-t-on mis en place les bons indices pour mesurer l’impact sur la santé et l’environnement ? »

Les NGT, « une corde de plus à notre arc »

La transition est toute trouvée vers un autre sujet d’actualité : l’annonce faite par Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, de remplacer l’indice du Nodu par son homologue HRI 1. Sans soutenir spécifiquement cet indicateur, Yves Picquet en souligne deux avantages : sa pondération en fonction de la dangerosité des produits phytosanitaires et son application à l’échelle européenne nécessaire, selon lui, « pour éviter toute distorsion avec nos collègues ». Dernier point abordé, le vote des eurodéputés en faveur des NGT : « une technique intéressante, qui va permettre au sélectionneur de travailler sur la qualité et la résistance aux stress, estime Yves Picquet. Cela ne va pas tout révolutionner, mais c’est une corde de plus à notre arc. »