Référence agro

Semences et phytos passés au crible du carbone chez Corteva

Le | Agrofournisseurs

Pour répondre à l’enjeu du carbone, Corteva travaille sur des itinéraires culturaux, incluant ses solutions semences et protection des plantes, dans lesquels la société mesure des indicateurs carbone via le label ou des calculettes. Explications avec Séverine Jeanneau, responsable relations filière et environnement chez Corteva.

Semences et phytos passés au crible du carbone chez Corteva
Semences et phytos passés au crible du carbone chez Corteva

Référence agro : Quelle est votre approche sur le carbone ?

Séverine Jeanneau : L’enjeu carbone fait partie de nos engagements mondiaux de développement durable pour 2030.  Nous essayons de bien le cerner en tenant compte de tous les acteurs qui gravitent autour de cette question. Nous avons fait partie des groupes du comité des usagers sur le Label bas-carbone, ce qui nous donne déjà une bonne base de compréhension du sujet. Plus concrètement pour notre activité, nous regardons dans notre gamme comment nos solutions, notamment semences et produits de protection des plantes, peuvent répondre aux enjeux du carbone. Ainsi, nous expérimentons des itinéraires culturaux, avec nos produits, en prenant en compte un nouvel indicateur : le carbone.

R.A. : Comment travaillez-vous sur les semences ?

S. J. : Sur le maïs, cette approche pourrait permettre de réintégrer le maïs dans des régions où il n’est pas ou peu présent et ainsi d’allonger les rotations. Par ses caractéristiques physiologiques, le maïs capte davantage de carbone de l’atmosphère et en transfère une plus grande proportion dans le sol que les autres plantes cultivées : un réel atout dans les stratégies bas carbone. Par ailleurs, la recherche du meilleur rendement est un facteur important car cela accroît le stockage de carbone dans les sols.

R.A. : L’enjeu carbone paraît moins évident sur les produits phytosanitaires…

S. J. : Le produit de protection des plantes n’est pas le facteur qui influe le plus sur le bilan carbone dans les méthodes développées. Il intervient dans la partie réduction des émissions notamment dans le nombre de passages. Mais c’est plutôt la manière dont l’agriculteur va l’intégrer dans son itinéraire cultural qui sera important, notamment dans le Label bas-carbone grandes cultures où des écobénéfices doivent être mis en avant. Notre gamme, alliant les semences et les produits de protection des plantes, nous permet de travailler des itinéraires complets. En colza, avec notre démarche Colza différent, nous proposons un itinéraire combinant des variétés tolérantes au sclérotinia à des plantes compagnes pour améliorer le stockage du carbone. Ce colza est par la suite désherbé grâce à nos solutions de post-levée afin de gérer à la fois l’ensemble de la flore adventice et les plantes compagnes quand celles-ci ont rempli leurs missions, avec potentiellement une réduction du nombre de passages de désherbage. Nous avons mis en place 17 démonstrations chez des agriculteurs cette année sur lesquelles nous évaluons un certain nombre de critères dont le carbone.

Par ailleurs, sur la vigne, nous avons développé un agroéquipement, nommé Grifherbi, qui combine à la fois le travail du sol et l’application d’un herbicide anti germinatif sous le rang de vigne. Ce concept permet de diminuer le nombre de passages et peut avoir un effet bénéfique en termes de réduction de gaz à effet de serre. Nous expérimentons cette approche sur onze essais mis en place en 2021 et douze cette année.

R.A. : Quelle est la réaction de la distribution ?

S. J. : Nous sommes encore au stade de l’expérimentation, nous n’avons pas encore de propositions commerciales ficelées. Nous échangeons avec les distributeurs sur cette thématique du carbone afin de mieux comprendre leurs attentes. Tous s’accordent sur le fait que c’est un sujet d’intérêt majeur, mais beaucoup se posent encore des questions sur la valorisation de ces pratiques. Il y a encore beaucoup de choses à construire : Jean Hillairet, étudiant de l’école d’ingénieurs de Beauvais, est en stage chez nous pour nous aider à aller plus loin sur le sujet.

R.A. : Vous commercialisez également d’autres solutions liées au carbone. Lesquelles ?

S. J. : Depuis deux ans, nous avons investi sur notre plateforme d’innovation Biologicals qui regroupe nos solutions de biocontrôle et de biostimulants, ainsi que des experts dédiés sur le sujet. En 2022, nous avons réalisé les lancements commerciaux d’un biocontrôle et de deux biostimulants, dont Utrisha N, composé d’une bactérie, qui capte l’azote de l’air pour la rendre assimilable par la plante. Cette solution a un impact positif sur l’enjeu du carbone étant donné qu’elle est en lien avec la fertilisation. Nous préparons également le lancement de nouvelles solutions qui pourront avoir un impact sur la réduction des émissions.  Tout est encore en construction : nous présenterons une offre concrète en fin d’année.