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Sival 2024, les biosolutions gagnent encore du terrain

Le | Agrofournisseurs

Le Sival 2024 a encore montré l’intérêt croissant du terrain pour les biosolutions. Produits de biocontrôle et biostimulants étaient plus que jamais à l’honneur sur les stands des agrofournisseurs. Les freins à leur déploiement demeurent toutefois les mêmes : besoin d’accompagnement, accès au marché difficile en raison d’une lourde réglementation, etc. Tour d’horizon et retour en images sur vingt stands visités par Référence agro. 

Sival 2024, les biosolutions gagnent encore du terrain
Sival 2024, les biosolutions gagnent encore du terrain

L’édition 2024 du Salon des productions végétales spécialisées, Sival, qui s’est tenu du 16 au 18 janvier à Angers, n’a pas démenti le ressenti des précédentes : l’intérêt des solutions de biocontrôle et des biostimulants, en particulier sur ces cultures, ne cesse de croître pour tenter de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires conventionnels ou pour combler des impasses techniques.

Neuf sociétés étaient regroupées au sein d’un village du biocontrôle du Sival 2024, autour d’IBMA France : Action Pin, Amoéba, Armosa, Certis Belchim, De Sangosse, Lallemand, Philagro, Sumi Agro et Vivagro. Mais, pour la première fois au Sival, Andermatt France, Biobest France et Koppert France, désormais membres de France Biocontrôle suite au clivage acté à l’automne au sein des entreprises produisant ces solutions alternatives, défendaient le biocontrôle en dehors du village.

Toujours un fort besoin d’accompagnement

Le besoin d’accompagnement de ces solutions plus techniques demeure. « Beaucoup s’attendaient à une deuxième génération de biosolutions, plus souples d’utilisation, plus polyvalents, avance Thierry Castel, président de Sumi Agro France. Or ces solutions alternatives exigeront toujours davantage de technicité ! Raison pour laquelle nous développons entre autres des OAD associés. »

Un constat que fait également Agnès Gauliard, chef de marché VAM chez Certis Belchim, lors de ce Sival 2024 : « Nous nous heurtons toujours aux mêmes difficultés : le besoin d’explications, souligne-t-elle. La séparation du conseil et de la vente n’a pas aidé puisqu’elle a freiné les recommandations. » Selon elle, le salon montre encore une fois l’intérêt croissant des distributeurs et des agriculteurs pour les biosolutions, mais le temps du changement est long. Ces produits, souvent plus compliqués à appliquer et à positionner, surtout en plein champ, ont encore besoin d’être entourés de beaucoup de pédagogie.

Les sociétés s’adaptent à ce besoin d’accompagnement. « Nous avons réorganisé notre équipe commerciale afin de renforcer la proximité avec nos clients et les agriculteurs », précise Clémence Cantau, responsable marketing chez Andermatt France. La société a par ailleurs lancé un Club d’arboriculteurs, afin de maximiser les échanges. Un premier séminaire a eu lieu fin 2023.

Faciliter les utilisations

« La progression des produits de biocontrôle n’est pas exponentielle, mais reste constante, conforte Sébastien Rousselle, chef de produit chez Bioline AgroSciences. Afin d’aider au déploiement de ces solutions alternatives, nous cherchons à apporter des innovations, qui facilitent les utilisations et réduisent les coûts de main-d’œuvre. » Des exemples ? Bioline AgroSciences présentait sur son stand un aliment pulvérisable pour acariens prédateurs, qui ne nécessite pas de matériel spécifique et qui peut être mélangé à des produits phytosanitaires. « Au lieu de faire de nouveaux lâchers d’acariens, on les nourrit convenablement et facilement, ce qui permet de multiplier jusqu’à cinq fois les populations installées. » La société mettait également en avant ses associations brevetées de deux acariens prédateurs dans le même conditionnement. « Deux produits prêts à l’emploi qui divisent par deux le temps de pose », note Sébastien Rousselle.

Se différencier

Côté biostimulants, la concurrence est rude. « Il faut se différencier, notamment avec des brevets, explique Johan Rigaud, directeur des ventes chez Vivagro. Notre objectif est également que tous nos biostimulants soient sous AMM. »

Romain Eclercy, chef des ventes agronomie France chez Greencell conforte l’idée : « L’obtention d’une AMM demande du temps, de l’énergie, mais ça vaut le coup car elle crédibilise la spécialité. »

Chez Andermatt France, la différenciation passe également par une offre de produits sur des marchés qui n’ont pas de solutions. « Et par l’envois directs des produits aux agriculteurs, complète Alain Querrioux, directeur général. Ainsi, la distribution agricole est déchargée du stockage et de la logistique de ces solutions plus délicates. »

Le poids de la réglementation européenne

Les difficultés et la lenteur des homologations en Europe se font sentir. IBMA France, lors de ses rencontres annuelles, a d’ailleurs mis en avant la nécessité d’obtenir une réglementation adaptée pour accélérer la mise sur le marché des produits de biocontrôle. Emmanuel Pajot, directeur général de Green Impulse, société créée en 2019 qui compte déjà treize salariés, vise les États-Unis pour développer ses produits : « Nous avons dans les tuyaux des fongicides biosourcés, mais ils ne pourront pas accéder au marché européen avant 2030, regrette-t-il. Ils seront en revanche sur le marché américain en 2027. » Emmanuel Pajot s’étonne par ailleurs qu’en France, les spécialités comprenant des substances de base, comme le chlorhydrate de chitosan, ne soient pas comptabilisées dans les produits phytosanitaires utilisés. « Le chiffre d’affaires de ces spécialités augmente, précise-t-il. Elles ne nécessitent pas d’AMM, mais entrent dans les programmes de nombreux agriculteurs qui sont en agriculture conventionnelle. »

Retrouvez en image les 20 stands des sociétés de protection des cultures présentes au Sival 2024 et visités par Référence agro :

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