Biocontrôle, IBMA France mise sur une réglementation européenne dédiée
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Les 10e Rencontres annuelles du biocontrôle, organisées par IBMA France, se sont tenues au Sival, le 16 janvier 2024. L’occasion de faire le point sur ces solutions alternatives, qui ne cessent de gagner des utilisateurs, mais dont le déploiement d’envergure exige encore un travail de fond. IBMA France mise sur une réglementation européenne adaptée, sur le développement de l’information et des formations, ainsi que sur la recherche et l’innovation.
Le 16 janvier 2024, IBMA France organisait ses Rencontres annuelles du biocontrôle. Les dixième du nom, alors même que la définition du biocontrôle dans le code rural fête son dixième anniversaire et IBMA France, ses vingt-cinq ans. Durant deux heures, de nombreux intervenants, dont Marc Fesneau, sont venus rendre compte des avancées, des freins et des attentes relatives aux produits de biocontrôle.
Objectif de 30 % du marché maintenu
IBMA France maintient son ambition de passer le cap des 30 % du marché de la protection des plantes et de couvrir plus de 50 % des usages avec au moins deux produits de biocontrôle à mode d’action complémentaire d’ici à 2030. Selon Christophe Jounaux, responsable commercial Europe chez Kynetec, la part du biocontrôle, en hectares déployés, s’élevait à 11 % en 2023, avec une progression de 0,56 point par an depuis 2014. « Le taux de pénétration de ces produits, à savoir la part d’agriculteurs qui les utilisent, était de 50,7 % en 2023, en augmentation de 1,71 point par an depuis 2014, a précisé le responsable de Kynetec. Le taux de concentration, qui mesure la part des utilisations, était quant à lui de 21,6 % en 2023, avec une progression de 0,51 point par an depuis 2014. »
En valeur, le biocontrôle a atteint les 10 % de parts de marché de la protection des plantes, contre 5 % en 2014.
Définir le biocontrôle au niveau européen
Céline Barthet, présidente d’IBMA France, a fait part de la déception de son association suite au rejet du projet de règlement SUR par le Parlement européen. Car avec, entre autres, une définition européenne du biocontrôle, ce texte permettait de garantir que ces solutions alternatives soient mises sur le marché plus rapidement. « Mais ce n’est que partie remise », a souligné Céline Barthet. L’intervention, lors de ces Rencontres annuelles, de la députée européenne Irène Tolleret, est venue conforter cette perspective. « La présidence belge poursuit les négociations et si le Conseil arrive à un accord, le Parlement européen aura l’obligation de retravailler ce projet de règlement », a-t-elle assuré, avant de préciser qu’une révision du règlement (CE) n° 1107/2009, relatif à la mise sur le marché des produits phytosanitaires, devait également être activée.
Pour Céline Barthet, l’objectif est d’avoir des documents guide adaptés afin d’aller vers une évaluation européenne adéquate et accélérée des matières actives et des produits de biocontrôle. « Nous ne demandons pas moins de réglementation, mais une réglementation plus adaptée », a-t-elle insisté. Et Marc Fesneau de compléter : « Nous avons besoin de donner des process adaptés à l’Anses. »
Formations, Parsada, Grand Défi…
Les leviers stratégiques d’IBMA pour accélérer le déploiement du biocontrôle demeurent les politiques publiques et la réglementation, l’information et la formation, ainsi que la recherche et l’innovation.
Côté réglementation française, Marc Fesneau a avoué que la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires n’a pas fonctionné et qu’une révision du dispositif est programmée. Et ce, pour que les agriculteurs retrouvent rapidement un conseil, d’autant que les solutions de biocontrôle exigent davantage de technicité.
Le ministre de l’agriculture a par ailleurs mis en avant le Parsada, le plan d’action relatif à l’anticipation du potentiel retrait européen de substances actives. « Le biocontrôle sera l’une des solutions », a-t-il affirmé. Christian Lannou, directeur de recherche Inrae et coordinateur pour le Parsada, a quant à lui parlé « d’une énorme opportunité » pour le développement du biocontrôle.
Céline Barthet a demandé à ce que les produits de biocontrôle entrent dans le dispositif CEPP dès la délivrance de leur AMM, mais elle n’a pas obtenu de réponse de la part du ministre.
De même, aucune annonce n’a été faite sur la date de lancement du Grand Défi Biocontrôle et biostimulants, dont l’objectif est d’apporter rapidement de nouvelles solutions au terrain. Celle-ci ne devrait pourtant pas tarder, l’association Abba étant désormais en place pour sa mise en œuvre.
Enfin, côté formations, les différents acteurs compte entre autres sur le projet Digi-Agro, qui vise la mise en place de 250 modules de formations digitales.