Avant le SIA, la Fnab liste ses demandes pour relancer la filière bio
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La Fnab tenait une conférence, le 22 février 2024, afin de dresser un bilan de l’état de la filière bio, marquée par plusieurs années de ralentissement de son développement et des subventions publiques jugées insuffisantes. Le rendez-vous a d’ailleurs été l’occasion pour la fédération, à quelques jours du lancement du salon de l’Agriculture, de faire le point sur ses revendications.
Alors que la récente crise agricole a mis en lumière une profession mise à mal, il est une filière, pourtant soumise à rude épreuve, restée en dehors des projecteurs : l’agriculture biologique. Après s’être vue refuser une rallonge de 271 millions d’euros fin 2023, elle traverse une phase délicate, alors que les conversions et la consommation sont à la baisse depuis la crise sanitaire. Et l’avenir ne s’annonce guère plus réjouissant, à en croire la Fnab, qui a tenu une conférence, le 22 février 2024, sur la situation du secteur, à quelques jours du salon de l’Agriculture au cours duquel le ministère de l’Agriculture prévoit d’annoncer son plan Ambition Bio 2023-2027.
L’enveloppe du soutien à la conversion jugée insuffisante
De fait, les « déceptions » en matière de financement sont légion. La première d’entre elles porte sur le soutien à la conversion accordé par la PAC. Si son montant brut augmente (1,4 milliard d’euros pour la Pac 2015-2020, 1,7 milliard pour 2023-2027), il diminue lorsqu’il est rapporté au nombre d’hectares convertis : 225 € par ha et par an sur la première programmation, 162 € pour la deuxième. « L’enveloppe a été sous-évaluée au regard des objectifs (18 % de SAU en 2027, soit 324 000 ha à convertir par an, N.D.L.R.) mais, même sous-évaluée, cette enveloppe ne sera pas dépensée car nous avons eu un arrêt dans la dynamique de conversion (seulement 77 000 ha convertis en 2022, contre 280 000 ha jusqu’en 2020, N.D.L.R.) », déplore Sophia Majnoni, déléguée générale de la Fnab.
Même constat pour le restant des aides. « Nous nous sommes aperçus que le soutien à l’agriculture bio prévu par la Pac hors conversion et Maec avait drastiquement baissé, divisé plus que par deux (- 62 %), constate Philippe Camburet, président de la Fnab. L’argument du ministère est de dire que la baisse de l’aide a été compensée par l’augmentation du crédit d’impôt ». Si celui-ci est prolongé jusqu’en 2027, la Fnab évalue son volume entre 297 et 750 millions d’euros, contre 238 millions d’euros sur la période 2015-2020, en fonction de la hausse du nombre de bénéficiaires.
« La prise en charge doit être proportionnelle à la situation de chaque ferme »
Dans le même temps, la suppression de l’aide du maintien au bio et du paiement vert, remplacés par un éco-régime, ne permet pas à la filière de retomber sur ses pattes, budgétant un soutien global compris entre 3,4 et 3,8 milliards d’euros entre 2023 et 2027 (contre 2,8 entre 2015 et 2020). Insuffisant selon Loïc Madeline, secrétaire national de la Fnab pour la Pac : « Dans la transformation de l’architecture du Plan stratégique national (PSN), donc de la Pac, il y a un certain nombre d’éléments qui disparaissent pour la bio, des éléments fondateurs et dynamisants. En parallèle, entre les deux Pac, il y a une forme de lissage à l’intérieur de l’éco-régime qui nous est assez largement défavorable ».
Contre cette érosion de ses subventions, la filière bio avance plusieurs demandes : le prolongement du crédit d’impôt jusqu’en 2027, le report des aides à la conversion non dépensées sur les fermes existantes, ou encore la hausse de l’éco-régime à 145 €/ha/an (contre 92 € actuellement, selon les calculs de la Fnab). En outre, elle demande l’application d’un mécanisme de soutien au développement des surfaces, ainsi qu’un plan d’urgence doté d’une montant calculé selon les pertes des structures bio. « La prise en charge doit être proportionnelle à la crise et la situation de chaque ferme, sinon on joue au chat et à la souris avec des enveloppes qui sont tantôt insuffisantes, tantôt très insuffisantes », fait savoir Loïc Madeline.
La Fnab « rassurée » par le reprise du plan Écophyto mais doute sur le HRI 1
A l’instar de nombreuses ONG de protection de l’environnement, la Fnab voit d’un mauvais œil le passage de l’indicateur français Nodu à son homologue européen HRI 1, et demande que ce dernier soit complété par des indicateurs additionnels. « On sait très bien que le HRI 1 n’est pas vraiment adapté pour mesurer la réduction des pesticides, estime Philippe Camburet. Les pays d’Europe devaient se mettre d’accord sur un nouvel indicateur cet automne et, même s’ils ont échoué, le sujet va revenir sur la table parce que plusieurs pays défendent justement le Nodu, comme la Belgique ou le Danemark ». Pour autant, la Fnab se dit « rassurée » par la reprise du plan Écophyto II+, qui prévoit plusieurs dispositifs d’aide à la filière bio : un accompagnement des travaux visant à lever les freins à son développement, ainsi qu’un fonds d’indemnisation des agriculteurs bio victimes de contaminations et de destructions de leurs récoltes. « Ça fait plus de quatre ans qu’on pousse ce problème de contamination par des produits volatiles pour lesquels on ne peut pas tracer la responsabilité. Depuis trois ans, des producteurs bio perdent leurs récoltes, si on veut développer la bio il faut avancer vite sur ce sujet », continue Philippe Camburet.