HRI 1, pourquoi Générations Futures s’y oppose
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Son boycott du dernier Comité d’orientation stratégique et de suivi (Cos) du plan Écophyto II+, le 12 février 2024, aux côtés de huit autres ONG, avait fait grand bruit. Dans une conférence donnée quatre jours plus tard, l’association environnementale Générations Futures a précisé ses critiques envers le HRI 1, l’indicateur européen, grand favori pour remplacer le Nodu.
On l’avait quittée vent debout contre le Comité d’orientation stratégique et de suivi (Cos) du plan Écophyto II+, dont le dernier en date s’est déroulé le 12 février 2024, dénonçant des « décisions unilatérales ». Plusieurs jours sont passés depuis, sans que la rogne ne retombe du côté de l’association Générations Futures, figurant parmi les neuf ONG absentes des discussions. Parmi les motifs d’inquiétude invoqués : le changement d’indicateur annoncé le 1er février 2024 par le Premier ministre, Gabriel Attal.
Le Nodu, un indicateur « tout à fait fiable dans le temps »
Lors d’une conférence, le 16 février 2024, François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, a rappelé ce qui, selon son organisation, fait l’intérêt du Nodu, l’indice français actuellement utilisé. « Il s’affranchit des substitutions de substances actives par de nouvelles substances efficaces à plus faible dose, justifie-t-il. Nous avons un bon suivi de l’évolution de la dépendance de l’agriculture aux pesticides, puisque si nous traitons plus souvent, nous utilisons plus de doses et le Nodu augmente ; si nous diminuons le recours aux pesticides par des demi-traitements ou un nombre de traitement moins important, le Nodu descend. C’est tout à fait fiable dans le temps ».
Pour autant, le Nodu, uniquement employé en France, ne semble pas récolter les faveurs du gouvernement et son ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, qui se verrait bien le remplacer par le HRI 1, l’indicateur européen. Une consultation en cours propose aux participants du Cos d’élire un indicateur parmi quatre propositions : outre le maintien du Nodu et le passage au HRI 1, le Farm to Fork, autre indice européen, ainsi qu’un indice hybride HRI 1/Farm to Fork figurent parmi la liste des choix. L’objectif affiché par l’exécutif : parvenir à une baisse de 50 % des pesticides d’ici 2030 et à un « rapproche[ment] des indicateurs européens dans une logique de non-surtransposition », comme le précisait l’ordre du jour.
Le HRI 1 valorise les retraits de substance plutôt que les changements de pratique
Anticipant le retrait du Nodu, François Veillerette alerte sur ses concurrents, à commencer par le HRI 1 : « C’est un indicateur qui prend en compte la masse des pesticides pondérée par leur dangerosité, donc un indicateur censé évaluer leur impact, décrit-il. Mathématiquement, il correspond à la somme des quantités de substances actives vendues une année donnée, pondérée par les coefficients qui leur sont affectées ». Quatre coefficients sont ainsi affiliés à quatre types de molécules, selon leur niveau de dangerosité avérée ou supposée : de 1 pour les substances à faible risque, à 64 pour les substances non approuvées par le règlement 1107/2009 concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques.
Problème, selon François Veillerette : l’application, de manière rétroactive, des coefficients. Prenant l’exemple du mancozèbe, fongicide interdit depuis 2022, le porte-parole souligne que son passage de la catégorie 2 à la catégorie 4, et donc du coefficient 8 au coefficient 64, a permis d’établir le calcul d’une baisse drastique de 60 % de la consommation du produit après 2022. Or, pour le porte-parole, il s’agit là d’une « réduction trompeuse, cosmétique, qui ne correspond pas à la réalité des changements de pratique » et « valorise les retraits de substance ». Autre critique émise : une « évaluation trompeuse des risques » du fait de coefficients « pas assez forts » pour pondérer l’usage des pesticides les plus toxiques.
À cette limite, François Veillerette suggère un calcul divisant les volumes des ventes de produit par les doses appliquées. Parmi ses autres propositions : un Nodu « sectorisable » (pour les CM1, les CM2, etc.) ou bien un HRI 1 sans calcul rétroactif. Surtout, il adresse en creux un message au président de la République : « Nous appelons Emmanuel Macron, qui a déclaré que son quinquennat sera écologique ou ne serait pas, à réagir sur cette question. Il a une occasion de nous montrer qu’il souhaite être à la hauteur de sa promesse ».