Bio, un chiffre d’affaires de 13,2 Mrds € en 2020
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Malgré une année 2020 marquée par la crise du Covid, le marché du bio affiche une croissance de 10,4 % et un chiffre d’affaires de plus de 13 Mrds €. Une satisfaction pour les dirigeants de l’Agence bio, qui ont présenté ces chiffres le 9 juillet. Des inquiétudes ont toutefois été soulignées par le président de l’Agence, sur les discussions en cours concernant la prochaine Pac.
Au cœur des discussions actuellement en cours sur le Plan stratégique national, le bio a encore grappillé, en France des parts de marché en 2020. Avec un chiffre d’affaires de 13,2 Mrd €, en hausse de 10,4 % par rapport à 2019, le secteur poursuit sa croissance à deux chiffres. Une satisfaction pour l’Agence bio, qui organisait un point pour présenter ces chiffres, le 9 juillet. Malgré une hausse de la demande, liée notamment au Covid, les importations sont restées stables, à 33 %. « Nous avons entendu des chiffres fantaisistes sur les importations ces derniers mois, mais les producteurs et les transformateurs ont mis un coup de collier, le bio est un acteur de la souveraineté alimentaire », se réjouit Laure Verdeau, la directrice de l’Agence Bio. Seul secteur en difficulté : la restauration hors foyer, en raison des différentes mesures sanitaires. Les achats de produits AB ont baissé de 14 % en restauration commerciale, et de 25 % en restauration collective. « 96 % des personnes mangent du bio chez eux », rappelle néanmoins Laure Verdeau.
6,5 % des achats alimentaires sont bio
La hausse de la consommation s’est notamment ressenti dans le secteur de la bière (+ 33 %) et des produits surgelés ( + 30 %). « Nous voyons que les consommateurs de bio ne sont plus uniquement des mangeurs de légumes, le bio entrent dans le quotidien », poursuit la directrice. Le bio représentait ainsi en 2020 6,5 % des achats alimentaires, et une dépense moyenne de 188 € par an et par habitant. Quant au ralentissement de la demande dans certaines filières, comme par exemple le lait, Philippe Henry ne semble pas s’en inquiéter. « Ces fluctuations sont fréquentes dans les filières bio, nous y restons attentifs mais ce ne sont pas à mon sens des changements structurels. »
Confiants grâce à la loi Egalim
Côté production, 2,55 millions d’hectares sont actuellement convertis ou en cours de conversion, soit 9,5 % de la SAU. La France prend ainsi la tête des pays européens en termes de surface. « Comme l’avait indiqué le ministre, Julien Denormandie, il sera compliqué d’atteindre les 15 % de SAU en 2022, concède Philippe Henry, président de l’Agence bio. Mais nous y serons pour le nombre de producteurs, 12 % des exploitations produisent déjà en agriculture biologique actuellement, soit 53 255 agriculteurs. » L’optimisme reste tout de même de mise, notamment grâce aux objectifs de la loi Egalim pour la restauration collective. Une véritable « botte secrète » pour Laure Verdeau. « Si l’on atteignait ces 20 % en restauration collective, le marché bio prendrait 1,4 Mrd € ! »
Le bio gagne du terrain en grandes cultures
Des dynamiques sont néanmoins à l’œuvre sur le terrain. Si l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes concentrent encore la moitié de la production, cette dernière progresse partout ailleurs, notamment en Grand-Est (+ 20 %) et en Hauts-de-France (+ 13 %). Un élan qui touche plus précisément la filière des grandes cultures. « Celles-ci ont longtemps été le parent pauvre du bio, mais elles ont progressé de 29 % en 2020, et 95 000 hectares sont en première année de conversion », précise Philippe Henry. Les surfaces ont ainsi été multipliées par 2,2 en cinq ans. Concernant les légumes secs, ils étaient, en 2020, 46,3 % à être produits en bio, soit une hausse des surfaces de 14 % par rapport à 2019.
Mécontentement sur la Pac
Les dirigeants de l’Agence bio restent enfin vigilants au contexte politique sur le bio. Et notamment en ce qui concerne la future Pac et la finalisation en cours du Plan stratégique national, PSN. Les perspectives actuelles ont fait hausser la voix du président de la structure. « Je n’ai pas vocation à commenter les décisions politiques, mais les politiques publiques ne sont pas à la hauteur des enjeux climatiques, cela me chagrine, se désole Philippe Henry, également membre de la Fédération nationale d’agriculture biologique, Fnab, qui défend plusieurs mesures, comme la mise en place d’une PSE Bio. Nous allons laisser une dette climatique à nos enfants. Le bio mérite une véritable rémunération ! »