Biosolutions, une voie d’avenir à développer en filière
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Les intervenants d’une table ronde organisée le 17 mai 2022 pour les 50 ans de Goëmar ont confirmé que les biosolutions constituent la voie d’avenir pour répondre aux défis des filières. Néanmoins, le développement de ces solutions alternatives, qui répondent aux besoins de productivité et de prise en compte de la santé et de l’environnement, nécessite encore la levée de nombreux freins.
Organisée à Saint Malo le 17 mai 2022 pour les 50 ans de Goëmar, une table ronde a réuni six intervenants autour de l’intérêt des biosolutions en agriculture. Le consensus est fait autour de la nécessité de développer ces solutions alternatives. Afin de répondre aux attentes du citoyen/consommateur et de réduire l’impact de nos activités sur le climat ou la biodiversité, « nous devons sortir des pesticides conventionnels », a affirmé Christian Huyghe, directeur scientifique agriculture chez Inrae. Pour Guillaume Lefranc, directeur des Laboratoires Goëmar, l’ambition est de « trouver un équilibre entre durabilité et productivité ».
Faire participer toute la chaîne alimentaire
Les biosolutions constituent un élément clé de la transition agroécologique. Les intervenants se sont accordés sur le fait que tous les acteurs de la chaîne alimentaire devaient se mobiliser pour les déployer. « Les sociétés comme Goëmar, qui fournissent les biosolutions, ont un grand rôle à jouer car elles sont en contact avec les distributeurs, a souligné Jennifer Lewis, directrice d’IBMA Global. Toute la chaîne alimentaire doit y participer. Changer un système entier demande du temps et du courage. »
« La première nécessité est d’obtenir un produit peu cher et aussi qualitatif que possible », a précisé Laurent Martel. Selon le directeur de Bioline by InVivo, les demandes des agriculteurs ont changé, mais le déploiement de nouvelles pratiques nécessite du temps et des formations. « Les distributeurs représentent des partenaires clés pour déployer les biosolutions, le numérique…, a-t-il repris. L’avenir est à la combinaison de solutions, avec des produits moins efficaces et plus complexes à utiliser. »
Les biosolutions sont déjà fortement utilisées dans la stratégie environnementale du Château Larose Trintaudon. « Ces produits sont en outre utiles en période de sécheresse », a ajouté son directeur général, Franck Bijon.
Guillaume Lefranc a de son côté relevé la nécessité de communiquer pour que le consommateur comprenne la complexité de cette transition agroécologique. Le directeur des Laboratoires Goëmar a mis en avant la volonté de sa société de chercher des solutions pour toute la chaîne alimentaire. « Pour notre solution à base d’huile essentielle d’orange destinée à la conservation des pommes de terre, nous sommes allés voir McDonald’s », a -t-il donné pour exemple.
Lever les freins aux biosolutions, ensemble
De la recherche à la production, de nombreux freins restent encore à lever pour mener à bien cette troisième voie de l’agriculture, entre le bio et le conventionnel. « Nous sommes loin de comprendre la complexité de la vie, a relevé Christian Huyghe. Nous devons apprendre à mieux comprendre le microbiome et à le protéger, à considérer l’agriculture comme un écosystème entier. Et ne plus, par exemple, dissocier nutrition et santé des plantes. » Le directeur scientifique agriculture d’Inrae a également soulevé le besoin d’innovations et de formations. « Avec le biocontrôle, on régule, on ne tue pas. Cette nouvelle approche exige des connaissances. »
Laurent Martel a de son côté fait part de la nécessité d’expérimenter les biosolutions de manière différente, en plein champ au sein des exploitations, et non en microparcelles, de les étudier en utilisant la digitalisation pour traiter les données et analyser les interactions.
Pour Jennifer Lewis, « l’avenir est prometteur, le pipeline d’innovations est riche, mais la mise en marché reste encore laborieuse. » La directrice d’IBMA Global a informé de ses requêtes auprès de la Commission européenne pour, entre autres, obtenir des autorisations provisoires pour les produits de biocontrôle.
Enfin, Mélanie Carel, responsable chez Bureau Veritas, a pour sa part mis en avant l’importance de la certification. « Le risque est le greenwashing », a-t-elle relevé. La certification permet d’éviter cette dérive.